Troie, de Wolfgang PETERSEN (2004)

L'HISTOIRE

Tout le monde la connaît : Pâris enlève Hélène de Sparte, l'épouse de Ménélas, et l'emmène à Troie avec lui. Or Hector, son frère, se soucie peu de déclencher une guerre avec les Achéens : ces derniers ont conclu une alliance prévoyant de tous se liguer contre l'ennemi de l'un d'eux ; or Ménélas, un gros soudard d'âge mûr, est justement le frère du chef de cette confédération, Agamemnon (bâti sur le même modèle que Ménélas)...
Après s'être fait tirer d'oreille par Ulysse, Achille et ses Myrmidons seront de la partie. Thétis, la mère d'Achille, a affirmé à ce dernier que son nom serait immortel s'il participait à cette guerre. Il sera d'ailleurs le premier à toucher le sol troyen et à ravager un temple d'Apollon...

MON AVIS

L'Iliade n'est qu'un canevas. Wolfgang Petersen a soigneusement débarrassé le récit de toutes ses breloques et bizarreries magico-mythologiques pour tenter de redonner à ce récit un côté réaliste.
Et pourquoi pas ? J'aime autant avoir vu Hector venir au secours de Paris en mauvaise posture pendant son duel avec Ménélas plutôt que Vénus ("Et Ménélas aurait certainement entraîné Pâris et se serait acquitté une gloire indicible, si Aphrodite fille de Zeus ne s'en était promptement avisée. (...) Elle le cacha sous un épais brouillard, et le déposa dans sa chambre odorante, où brûlaient des parfums.", Iliade, chant III, traduction de Mario Meunier). En effet, chez Petersen, les dieux ne sont que des coques vides, des statues dont la nature carton-pâte est fort mal dissimulée, à dessein sans doute, laissant les humains jouer leur drame entre eux.
Je suis beaucoup plus agacée par la disparition d'Hécube, la femme de Priam et leurs cinquante enfants, pour figurer la petite famille monoparentale unie autour de la tendre bru sauvée d'un horrible ménage, et par la transformation du cher et tendre Patrocle en simple cousin ! Mais le lien amoureux entre les deux hommes aurait compliqué l'affaire Briséis.
Maintenant, j'arrête de grogner et je dis tout le plaisir que j'ai vu à voir le "blond Achille" (faute de "blond Ménélas"), joué à la perfection par Brad Pitt, malgré mes a priori. Quand je l'ai vu passer avec son armement, tel un guerrier achéen des vases à figures noires, avec ses Myrmidons tout en noir, il n'y a plus eu de doute qu'il était fait pour jouer ce demi-dieu...

Pour les images, l'invention d'un bleu troyen, un paysage désert, pour ne rien rompre de l'huis-clos inhumain entre les deux troupes, une musique imitée de celle de Gladiator, un peu orientalisante, c'est le voyage complet !