Sacrés Français : un Américain nous regarde, de Ted Stanger

Un livre que j'ai failli, à tort, refermer avant la fin, car en lisant ses chapitres sur l'économie et sur la défense, je l'ai trouvé fielleux et au moins aussi pétri de propagande étatique que nous sommes accusés de l'être, au point d'être inexact (je suis malheureusement bien placée pour savoir que les étrangers qui achètent nos hélicoptères de combat avec des intentions douteuses savent mieux que Ted Stanger qu'ils décollent du sol, hélas).
Sur la politique, eh bien, nous avons une autre manière de voir les choses qui vaut bien la vision libérale ; les babouches du Persan de Montesquieu, sur ce chapitre, étaient vraiment trop grandes pour le petit Stanger qui trébuche avec.
Voilà pour ce que j'ai détesté.
Tout le reste est excellent et souvent, hélas, exact ; j'ai appris beaucoup de choses qui, finalement, se tiennent tout à fait avec ce que la Française a observé, sans pour autant correctement interpréter, dans la presse, dans les rues, les discussions. Là, où Stanger est particulièrement pertinent est dans le portrait de notre presse (son monde) et nous avons de grandes leçons à prendre ; mais en passant également au crible notre cuisine (arghhh, hélas, il a tellement raison), notre télévision, notre prétention à l'intellectualisme, notre incapacité à prendre acte que le français et la culture française sont en déclin ailleurs que chez nous, etc. il fait mouche...
Dernier bémol : ce qu'il dit me paraît bien plus exact des parisiens que des provinciaux, dans l'ensemble. Quant aux conversations chuchotées, je lui suggère d'aller faire un petit tour non seulement en Provence, mais en Bourgogne et sûrement ailleurs... les sourds y vivent mieux qu'à Paris leur infirmité !
Bref, je ne crois plus que Ted Stanger haïsse la France (son ton revanchard de quelques chapitres m'a induite en erreur) mais je suis certaine qu'il a eu affaire à des gens chauvins qui manquaient de tact et méritaient vraiment d'être remis à leur place, et j'en suis désolée.