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17 octobre 2007

Lettre à D., de Franz Gorz

lettre_a_DJe n'attendais pas beaucoup de ce livre, dont j'avais entendu de mauvaises critiques. En réalité, il m'a surprise : ni pathos insupportable (malgré l'avertissement du dénouement), ni égocentrisme de l'intellectuel, ni élucubrations philosophiques trop fines pour de gros nez...
Le sujet du livre, c'est bien D. (Dorine, pourtant nommée dans le récit) ; quand André Gorz fait mine de s'éloigner de son sujet, en parlant de ses travaux, de l'évolution de sa carrière, d'un livre, c'est toujours parce que cela part de sa compagne ou que cela y revient. Chaque étape collabore à la construction de 'l'histoire d'un amour" comme l'amour a collaboré à l'œuvre et au parcours de Gorz. En réalité, l'auteur finit par nous faire penser qu'il aurait été incapable de faire cela sans sa compagne, que la construction de sa vie, alors même que parfois son œuvre a semblé s'écrire en marge de sa vie privée, en était tissée en profondeur.
Il fait également son mea culpa de l'avoir présentée dans certains de ses livres, comme Le Traître, de manière mensongère. Pour avoir entendu Dorine, la voix brisée, sur France Culture, parler du mal que lui avaient fait certains écrits ou l'attitude parfois distante de son mari, j'ai compris que cette mise au point était également le règlement d'une dette.
Peut-être, pour faire dans l'extrapolation dangereuse, et peut-être, de mauvais goût, D. est-elle le récit d'une D-pendance telle qu'une vie solitaire ne peut plus être envisageable.
Et, en passant, Gorz griffe violemment la techno-médecine qui a fait de la vie de sa femme un long martyre (danger du lipiodol) et le danger de la méga-machine à broyer qu'est le dogme de la croissance.

Citation :

"Tu vas avoir quatre-vingt-deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien. ".

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