Les Godillots sont lourds, de Maurice Fombeure (1948)
La drôle de guerre. Tous les hommes mobilisables sont mobilisés. Les Allemands sont à deux pas, et on tire, on ne tire pas, le plus souvent on ne meurt pas, mais ça arrive. On fait des blagues pour masquer le désespoir...
Une déception. Maurice Fombeure, pourtant universitaire titré et poète reconnu, écrit des mémoires de guerre dignes de monsieur Tout-le-Monde, sans perspective historique, pas même littéraire. Pour qui un tel livre aurait-il de l'intérêt ? Pour ses camarades survivants, pour quelques habitants de la Meuse et de la Moselle, régions traversées, pour ses descendants. Avec beaucoup de complaisance et le nez collé sur l'événement, Fombeure nous guide de bivouac en bivouac, de bistrot en bistrot et paraît ne retenir que toutes les occasions où il a réussi à jouer des tours aux gradés dont la bobine ne lui revenait pas.
Je sais bien que c'est la "drôle de guerre", [autocensure car mes impressions tirées du livre de ce qu'a paru être ce conflit ont choqué : on m'en attribue à bêtise alors que je ne fais que réagir au récit trivial lui-même], mais tout de même, au moins au moment de l'armistice et de la démobilisation en 40, on se serait attendu à une réflexion qui justifierait une mise en mots aussi légère d'un événement historique ; malheureusement, cette légèreté n'est même pas une adresse de style.