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22 mai 2008

Le Grand Cahier, d'Agota KRISTOF (1987)

grand_cahierUne mère laisse à la campagne ses deux jumeaux bien-aimés à sa propre mère, insultante, cruelle et incapable apparemment de prodiguer amour et compassion à deux jeunes enfants, dans un contexte d'occupation sans nom propre, ni de nationalité, ni de langue. Les personnages mêmes sont désignés par des sobriquets, des substituts lexicaux.
A une vitesse étonnante, les deux garçons comprennent qu'il faut s'adapter à cette nouvelle situation et se livrent à des exercices d'insultes, de coups, de jeûne, d'immobilité, de surdité, et s'adaptent aux êtres et aux situations avec un curieux mélange de cruauté et d'empathie qui leur permet de tirer leur épingle du jeu et d'être témoins des pires choses sans un battement de cœur supplémentaire.


Ce récit est un mystère pour moi : cette adaptation de jumeaux plus forts d'être deux et complètement uni(s)-ques m'a fait parfois penser (et leur réaction au retour de leur mère, puis de leur père, me l'a confirmé) qu'ils portaient en germe l'indifférence dure qui a fait de leur grand-mère ce qu'elle était et reconnaître leur vraie nature. Je veux bien que ce soit une réponse à un traumatisme mais... Peut-être est-il aussi plus facile de se faire à la haine qu'à l'amour, plus facile de ne plus rien attendre.
La voix d'Eric Herson-Marcarel, par laquelle j'ai découvert ce récit, était idéale : à la fois douce et calme, égale, elle accompagnait l'incroyable détachement des enfants et faisait ressortir les péripéties ahurissantes qu'ils traversaient puis provoquaient. La forme de l'audio-book, pour ce roman, était possible et même souhaitable car, ce qui m'aurait agacée à la lecture visuelle, le maniérisme qui consistait à mal écrire les répliques en les faisant toujours précéder "il dit :" "nous disons :" "elle dit :" aidait ici à la compréhension.
Je ne comprends pas comment l'Inspection Générale a pu se laisser aller à conseiller dans les I.O. aux enseignants de faire lire ce genre de récit à des Lycéens de Seconde ; le clash était inévitable. C'est tout sauf de la littérature de jeunesse.

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