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14 juin 2010

Les Mouches, de Jean-Paul SARTRE (1943)

Relecture

mouchesDepuis l'assassinat d'Agamemnon à Argos, depuis quinze ans, la ville est confite dans le remord. On y organise à qui mieux mieux des cérémonies de contrition vis-à-vis des morts, le deuil est de rigueur, les mouches (Erinyes) sont partout. Ainsi le veulent les dieux, représentés par Jupiter (pourquoi pas plutôt Zeus ?) dans la pièce.

Oreste revient incognito dans la ville où son père fut lâchement assassiné et après une discussion évasive avec Jupiter, qui semble à la fois goguenard et inquiet, rencontre sa soeur Electre, qui fait la servante dans la ville et nourrit des désirs de vengeance. Elle défie l'autorité d'Egisthe, dénonce l'hypocrisie générale et provoque la ville entière en se montrant joyeuse pendant la cérémonie. Quand Oreste se fait connaître d'elle, elle est très déçue : elle découvre un jeune homme sans haine, qui a connu le bonheur, tout le contraire du "reître irrité" qu'elle attendait.

Soudain Oreste prend à la fois conscience de son besoin d'appartenance et de sa liberté...

Citation :

ORESTE : (...) Qui suis-je, sinon la peur que les autres ont de moi ?

JUPITER : Que crois-tu que je sois ? (...) Quand une fois la liberté a explosé dans une âme d'homme, les dieux ne peuvent plus rien contre cet homme-là. (...) Et c'est aux autres hommes (...) qu'il appartient de laisser courir ou de l'étrangler."


C'est une relecture et je m'émerveille de la capacité que j'ai à relire chaque fois (surtout s'il s'agit d'une vieille lecture) un nouveau livre. Certaines scènes de la pièce, et pas des moindres, m'étaient complètement sorties de la tête : le "sacrilège" d'Electre, par exemple, et même (incroyable !) l'amusant personnage de Jupiter. Un rôle en or ! Je ne me souvenais pas non plus des effets spéciaux voulus par les didascalies.

Juste un bémol : le discours d'Egisthe à Clytemnestre, ponctué des apostrophes "femme", voire "catin", est parfaitement ridicule.

Quant à la lecture existentialiste, elle est évidente, et j'ai même dès les premières pages souri en pensant à Épicure ou à Lucrèce dans la manière de dire que les dieux ne sont rien sans les hommes.

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