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20 juillet 2010

Dans ma peau, de Guillaume de Fonclare (2010)

dans_ma_peauGuillaume de Fonclare a quarante-deux ans, il est marié et père de deux enfants, et directeur de l’Historial de la Grande Guerre à Péronne. Un beau parcours pour une vie combative et heureuse.
Mais une épreuve supplémentaire l’attend, la maladie. Et une maladie « orpheline », une de ces tenailles que personne ne sait vraiment maîtriser, qui fait hurler, pleurer, rend les muscles douloureux et, partant, tout mouvement d’une vie simplement sédentaire, un vrai défi. Or il va trouver dans sa fonction de conservateur de la mémoire des souffrances de la guerre, non pas le sentiment banal que ce qu'il souffre n’est rien à côté, car on ne hiérarchise pas les souffrances sans leur faire injustice à toutes, mais que souffrir existe, a existé pour des hommes bons ou mauvais, courageux ou lâches, que la mort s’est présentée, prématurément pour la plupart d’entre eux, et que malgré tous les beaux discours méritocrates ou patriotiques, rien n’a empêché qu’ils ne meurent, et non plus qu’ils ne souffrent. L’auteur cite ces vieillards de quatre-vingts ans qui passaient quelques soirées à s’ôter de la peau les éclats d’obus qui sortaient encore de leurs membres…
C’est donc à une communion dans la condition humaine qu’il a été initié.


C’est un récit profondément sage et profond, qui était nécessaire. On peut le lire comme un témoignage, pas seulement comme une ascèse. Les amateurs d’anecdotes guerrières, loin d'artificiels anniversaires ou commémorations, y trouveront aussi leur compte. Le style est très agréable, et son projet de continuer à écrire s’il souffre un jour trop pour sa fonction de directeur est paradoxalement rassurant pour nous, égoïstes lecteurs.

de_fonclareHumainement, et non plus littérairement, j’ai été touchée par son témoignage (difficile de ne pas l'être), et par sa relation tissée avec la Première Guerre Mondiale, à cause de mon arrière-grand-oncle qui nous en a laissé un témoignage sur bande magnétique, à cause de la Chanson de Craonne qui m'a toujours fait pleurer, inexplicablement.

Personnellement, et non plus humainement ni stylistiquement, le livre m'a parlé : les trois-quarts des professeurs qu’il remercie à la fin de son œuvre ont aussi été les miens. Je me souviens également que mon père m’avait dit connaître le sien, et même qu’il avait fait partie de l’équipe envoyée en reconnaissance, le jour tragique où ce dernier perdit la vie dans l’exercice de son métier de pilote… Je me permets cette remarque indiscrète car Guillaume de Fonclare évoque lui-même cet accident dans le récit.

Les confidences de l'auteur ne sont donc pas strictement autobiographiques : tout se rejoint et s'élève dans l’œuvre. Les hommes meurent et souffrent dignement dans la voie qu’ils se sont choisie.

 

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Commentaires
D
Grand merci de votre passage sur ce blog, dont je devine ce qu'il a pu vous coûter, et de votre gentillesse.<br /> Nous attendons avec impatience votre prochain opus en vous souhaitant une bonne deuxième carrière et d'immenses satisfactions et résolutions.
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F
Bonjour,<br /> <br /> J'ai été très touché par votre commentaire sur mon livre, que je viens de découvrir et, bien sûr, par les connexions entre votre père et le mien. Merci de votre sollicitude et de votre lecture attentive.<br /> <br /> J'ai quitté l'Historial depuis décembre dernier pour les raisons que vous imaginez, et je travaille à l'écriture d'un autre livre. Si je le peux, c'est grâce à la confiance que m'ont témoigné mes lecteurs, que vous me témoignez.<br /> <br /> Bien à vous,<br /> <br /> Guillaume de Fonclare
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D
car tu as, bien sûr, éveillé ma curiosité sur ledit commentaire. ;o)
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Y
J'ai été touché moi aussi bien sûr, mais je n'ai pas vraiment compris le lien entre la souffrance de l'auteur et la grande guerre. G. de Fonclare a très gentiment commenté mon billet.
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