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23 septembre 2010

L'Âge des méchancetés, de Fumio NIWA (1947)

age_mechancetesUmejo a perdu sa fille unique à un "âge moyen". Elle-même a 86 ans et ses trois petites-filles "se la refilent", chacune pensant que les autres ont plus de raisons d'accueillir une vieille femme sénile, chapardeuse et destructrice, dans un contexte de pénuries dans le Japon d'après-guerre.


"Texte féroce", affirme la 4ème de couverture ? C'est une réalité qui nous hérisse et nous dérange, et qui est abordée sans euphémisme.
C'est un constat réaliste, subjectif, sur le vieillissement quand il paraît se résumer à un handicap et non pas à un sommet de sagesse, de connaissance, de spiritualité.
Toute vieillesse n'est pas un naufrage, heureusement ! C'est ce que je pense quand je contemple la photo de Jacqueline de Romilly, que je vais mettre pour illustrer cette JE : s'il y a des désagréments, voire des handicaps, physiques liés à son vieillissement, comment ne pas être admiratifs devant la juvénilité de son intelligence, de sa curiosité, de son engagement pour les langues anciennes ?
Dans le cas des personnes comme Umejo, la grand'mère indésirable de la nouvelle, dont on ne perçoit plus le sens de l'existence, et qui ne le perçoit plus elle-même, dire "féroces" la lassitude des petits-enfants et le portrait répugnant de la vieille, ainsi que la brutalité avec laquelle elle est parfois traitée serait sous-entendre une exagération. Il y a juste le problème d'accepter de le lire ou de dire que nous n'acceptons plus le vieillissement. Ce que nous voyons comme tout à fait naturel de la part de bébés ou de jeunes enfants (entêtement à brailler, à réclamer, à détruire, à comprendre quand ça veut, à déféquer partout, à confondre jour et nuit...) nous ne l'acceptons plus de nos anciens, sous prétexte qu'ils ont été différents ; si nous avions été préparés par des discours clairs et non pas politiquement corrects à cette évolution, à cette déchéance, si nous comprenions que cette "malice de vieux" (comme dit gentiment une amie de ma mère) qu'elle soit volontaire ou pas, est inhérente au vieillissement, nous serions moins angoissés d'y assister et réagirions avec la même philosophie que devant un nourrisson chiant (terme employé intentionnellement ;o)).
Prendre en charge un ancien qui a perdu la boule et la maîtrise de ses sphincters est un autre problème et je comprends parfaitement que Fumio Niwa plaide ouvertement pour l'institution de maisons de retraite, solution acceptable pour un Japonais, quand les hospices ne le sont pas, qui rétablirait la paix dans les familles.
Fumio Niwa nous montre en variant les points de vue ce qu'il y a d'inconvenant et de pathétique dans cette situation de cohabitation forcée et de rapports de dépendance.
La férocité n'est donc pas dans le tableau peint par Fumio Niwa, elle est dans la réalité et le manque de patience et d'infrastructures que nous avons pour les personnes âgées.

Relecture de novembre 2007.

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Commentaires
M
J'employais difficile dans le sens où la vieillesse est un moment bien réel et pas toujours très agréable parce que l'on sait que notre corps et notre cerveau se détériorent...Donc ce livre doit nous rappeler notre propre "perte"...Bisous et merci ;-)
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D
Pas difficile à lire non, dans aucun sens. Tout au plus tique-t-on régulièrement, mais, sur un sujet pareil, qui nous parle de nous, c'est normal.<br /> Ce livre est également à ta disposition...
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M
très joli billet que celui là ! bravo pour cette part de toi même qui tu y laisses.<br /> En le lisant je me dis qu'il ne faut pas oublier que nous-mêmes, serons un jour peut-être dépendants et handicapés. Accepter que les autres le soient c'est aussi se respecter soi-même.<br /> Merci DonaSwann d'en parler si bien et avec conviction. Ce texte doit être difficile à lire.
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