Potiche, de François OZON (2010)

Robert Pujol (Fabrice Luchini) est un PDG moderne, qui a épousé Suzanne Michonneau (Catherine Deneuve) il y a belle lurette, laquelle lui a apporté dans sa dot une part non-négligeable de l'entreprise de parapluie Pujol-Michonneau avant de se cantonner avant tout à sa vie de maîtresse de maison un peu popote, entre jogging, poèmes et soucis familiaux. Or, si Michonneau était un patron paternaliste, Pujol a bien compris l'entreprise comme un lieu de profits privés et non pas de construction de la société et il se heurte aux syndicats de son usine (ainsi qu'au député-maire communiste de Ste-Gudule, Maurice Babin, joué par Gérard Depardieu). Mais le sanguin Pujol, qui se soigne trop irrégulièrement, a une crise cardiaque sur un coup de colère, part en croisière et doit laisser les rênes de l'entreprise à sa femme, qui se fera assister de ses enfants (Judith Godrèche et Jérémy Régnier)...

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D'après la pièce de Pierre Barillet et de Jean-Pierre Grédy, Ozon trousse un film à peine moins statique mais tout aussi sympathique, kitsch ce qu'il faut pour éveiller une petite nostalgie, un sourire entendu, mais pas assez pour ridiculiser les personnages ou disqualifier les rebondissements... parfois pourtant bien improbables, soulignés par un piano sirupeux à souhait. La reconstitution historique est parfaite sur l'ambiance, les coiffures, les musiques, un peu moins sur la vie quotidienne (une mère de famille s'adonnait-elle à la course à pied en 1977 ? son lave-vaisselle avait-il vraiment ce design ?... j'en doute). Le jeu des acteurs (Judith Godrèche, Jérémy Régnier, par exemple), surjoué de manière assumée, a lui-même un côté madeleine de Proust. Fabrice Luchini est méconnaissable dans son rôle de patron misogyne sournois et je retire ce que j'ai dit sur lui, parfois, et d'une façon un peu facile, qu'il faisait "du Luchini" ; de toute évidence, il sait se couler dans tous les rôles. Ma réserve n'ira guère qu'à Catherine Deneuve qui semble embarrassée d'un bout à l'autre dans ce rôle, malgré de visibles efforts pour camper successivement la mama naïve, la patronne dynamique et j'en passe, pour ne pas trop en dire. Mais elle a une telle présence... que dire de méchant ?!
J'ai beaucoup aimé les énormes clins d'œil au futur : "femme des années 80", "travailler plus pour gagner plus", "casse-toi, pauv' con"... Dans la salle où j'étais, cela n'a pas forcément été très goûté, mais moi, ça m'a fait beaucoup rire.

Comments

[Dona Swann]

Ton commentaire m'intéresse : qu'est-ce qui te rend si certain que tu n'aimerais pas ?

[Philippe D]

Ce n'est pas mon genre, je sais que je n'aimerais pas.
Il en faut pour tous les goûts...
Bonne nuit.