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4 octobre 2011

Le Cahier bleu, de James A. LEVINE (2009)

cahier_bleuBatuk est une petite paysane du Madya Pradesh en adoration devant un père pauvre qui l'appelle sa "léoparde aux yeux d'argent". Quand elle a neuf ans, sous un prétexte, le même père l'emmène à Bombay où il la vendra à des proxénètes spécialisés dans les enfants. Son pucelage sera d'abord vendu très cher dans un contexte de prostitution de luxe, puis elle sera gardée par des Yazakhs, sorte de tribu de malfaiteurs trafiquant les orphelins, avant de finir dans les cabanes d'enfants de Mme Hippo. Mais un jour, alors qu'elle a quinze ans, une belle voiture vient devant ces cabanes ; un homme cherche une jeune fille très jolie. On l'emmène dans un hôtel de luxe, on la fait propre. Quelqu'un d'important, à n'en pas douter, sera son client...

Batuk, qui a appris à lire à l'hôpital quand elle a eu la tuberculose, emmène avec elle son cahier bleu, sur lequel elle écrit depuis toujours de sa merveilleuse écriture sa vie transfigurée...


C'est grâce à cette qualité d'écriture que j'ai pu lire jusqu'au bout ce terrible roman. En effet, dans quel cloaque se débat l'enfance, à quels prédateurs éhontés des petits enfants sans défense ont-ils affaire ! Quant au Prince Charmant, on l'attend, on l'attend, mais Levine a bien l'intention de dynamiter une bonne fois pour toutes le mythe suspect de Pretty Woman.

Levine n'a pas cherché uniquement à flatter nos instincts mêlés de voyeurs et de belles âmes indignables ; sur un sujet certes vivant et à prendre en compte (les droits d'auteur du livre sont versés au Centre international pour les enfants disparus et exploités), Levine n'oublie pas qu'il est un auteur, et qu'au fin fond de l'enfer moral et physique, ce qui nous tient vivant, c'est la poésie, la musique, le souvenir de ce qui est beau... Et c'est bien ce que vit Batuk : elle file la métaphore de la pâtisserie quand elle parle des viols-ventes sordides de son petit corps, se remémore les contes de son père ; au coeur même d'une partie fine inquiétante, elle écrit avec un certain détachement et un esprit magique ce qu'elle ressent. Le roman s'achève par un conte de toute beauté, celui de la léoparde aux yeux d'argent, à la fois symbolique et énigmatique.

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