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2 décembre 2011

Intouchables, d'E. Toledano et d'O. Nakache (2011)

intouchablesPhilippe (François Cluzet) est devenu tétraplégique après un accident de parapente. Veuf, il vit dans un hôtel particulier avec sa fille adoptive et sa domesticité, mais il recherche un auxiliaire de vie. Parmi les postulants, Driss (Omar Sy), un jeune de banlieue qui sort de prison, et qui s'exaspère de l'attente inutile (car il se doute qu'on ne le prendra pas) et se précipite pour avoir une signature au bas de sa feuille "pour les ASSEDIC". Philippe le prend un mois à l'essai au grand dam de son entourage, et le jeune homme se montre étonnamment intuitif et à l'écoute des besoins de son patron, à sa manière, et en dehors de toute "pitié", ce qui est la dernière chose que Philippe attend de lui. Ils s'apprennent beaucoup de choses et évoluent ensemble.


C'est un film optimiste, rieur et tendre et fera beaucoup pour changer le regard sur les personnes handicapées, qu'elles le soient au niveau physique mais aussi social. Le titre parle d'"intouchables" au pluriel. Les origines de Driss et son casier judiciaire font beaucoup pour le renforcer dans un état de paria, rendant difficile aussi bien les emplois que les rencontres amoureuses durables, et l'indépendance. D'ailleurs, les deux hommes se traitent mutuellement d'"assisté" en début de film. Cette "assistance" va devenir association, solidarité, affection... C'est vraiment un baume au coeur en ces temps où l'on montre du doigt les personnes abîmées par la vie en les traitant en poids inutiles, alors qu'ils sont déjà sous le coup du manque de respect pour la personne humaine, culminant si en plus on est déjà fragile.

Le film ouvre beaucoup de pistes narratives et interprétatives qu'il ne daigne pas toujours exploiter ou expliciter, ce qui est beaucoup pour un film destiné au grand public, une belle preuve de confiance envers le spectateur chargé de fabriquer ses propres parcours de lecture ; j'en cite une : Driss et la fille de Philippe ont été tous les deux adoptés ; Driss, en intervenant pour elle auprès du "plumeau", agit en grand frère.

Bravo pour les performances d'acteurs dans ce film, notamment pour les deux acteurs principaux. Mais tous sont très, très bien !

Mes seuls regrets concernent deux points. Tout d'abord le milieu social de Philippe, aristocrate et riche, ce qui est un peu facile : on sait bien qu'on ferme davantage les yeux sur les "insuffisances" de qui nous offre une vie confortable, ce dont bénéficient tous ceux qui le côtoient, y compris Driss. Il n'est pas innocent qu'avant de lui proposer l'emploi d'auxiliaire de vie, on lui ait fait visiter sa chambre somptueuse et fait admirer une salle de bain d'anthologie. J'aurais aimé pouvoir être sûre que Driss aurait été le même avec un homme qui n'aurait eu que ses allocations pour vivre. Ensuite, je trouve étonnant et un peu démago, que Driss soit resté complètement imperméable à la culture dont l'environne Philippe. Or la seule chose que retient Driss, c'est la peinture... parce qu'elle peut rapporter beaucoup d'argent. Je suis bien placée pour dire que même un jeune défavorisé nourri au rap, au R'N'B et aux taggs, peut un jour s'extasier devant le final de Don Giovanni ou "La Liberté guidant le peuple" ; dommage qu'on ait voulu faire de Driss, qui le revendique, un "pragmatique" sans lui laisser la possibilité d'évoluer à ce niveau, alors que Philippe s'en montre capable.

Mais que ce paragraphe ne vous empêche pas d'aller voir le film : il le mérite.

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Commentaires
M
J'ai été transportée par ce film qui m'a vraiment touchée. L'humour est là et permet de "regarder" le handicap autrement. Je voudrai revenir sur tes deux regrets. Driss n'aurait sans doute pas accepté le travail si l'argent n'était pas lourdement représenté et c'est ce qui fait le charme de ce film car les a-prioris vont être démontés ... il montre que ceux-ci permettent de passer à côtés de belles amitiés et de révélations. Pour ce qui est des goûts, j'ai noté que peu à peu Driss apprend à découvrir le monde de son employeur. Chacun des deux fait découvrir le sien à l'autre et finit par le partager ; c'est notable dans le film. Pour ce qui est des acteurs, ils crèvent l'écran et je donne une mention spéciale à Cluzet qui a parfaitement réussi son jeu de scène minimaliste au vue des circonstances et que c'était un enjeu très difficile. Bravo l'artiste !
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