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Mots et Images
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9 mai 2012

Maman, d'Alexandra Leclère (2012)

maman-Il y a vingt ans, Sandrine 'Mathilde Seigner) et Alice (Marina Foïs) ont fait une sorte de fugue, fuyant leur mère (Josiane Balasko) qui, toute à son indifférence pour elles et à son intérêt pour son nouveau compagnon, n'a cherché ni à les retrouver, ni à s'expliquer avec elles. Sandrine, durcie et coléreuse, a eu deux garçons mais ne parvient pas à établir de relation amoureuse, tandis qu'Alice, tendre, fragile et artiste, est mariée mais s'est abonnée aux avortements à répétition, de peur d'être une mauvaise mère...

C'est sur ce champ de ruines que "Maman" (Sandrine refuse de l'appeler ainsi) fait son grand retour, parce que son mari l'a plaquée, et trouve tout naturel de venir s'installer à Paris où habitent ses deux filles. Tandis qu'Alice fait tout pour la recevoir et tenter de nouer un lien cordial, Sandrine se tient en retrait. Lors d'un repas "de famille", la rancune de la mère pour Sandrine explose et cette dernière, indignée par l'aplomb éhonté de sa mère, s'enfuit.

La situation étant gangrenée par les non-dits et le déni de leur mère, les deux soeurs décident de kidnapper "Maman" dans un lieu inconnu pour avoir une discussion sans faux-fuyant et pouvoir lui poser des questions...


Il ne faut pas se fier aux vidéos (trailer, autre) qui ont l'air de faire de ce film une comédie. Certes, on sourit souvent (la demande de berceuse d'Alice, carabine à la main et larmes pas bien loin, est un modèle du genre), mais c'est plutôt poignant.

Le duo des soeurs, abîmées, entre rancoeur et demande éperdue d'amour, est bouleversant, tout d'abord. Cette mère égoïste, réclamant à ses filles des égards et de l'attention qu'elle ne leur a jamais prodigués, d'une mauvaise foi phénoménale et d'une brutalité déplacée, stupéfie. Beaucoup de choses me paraissent très bien vues et justifient que je conseille d'aller voir ce film.

Mais il me semble qu'il y ait des petites choses qui auraient mérité un traitement légèrement différent.

D'abord, je me demande si le synopsis originel ne concernait pas un "papa" plutôt qu'une "maman". Le souci de maquiller une autobiographie où la banalité du propos, qui confine au cliché (un père dont les gosses ne sont plus la priorité en fondant un nouveau foyer, mais qui s'y réintéresse une fois seul et vieux) peut seul justifier cette maladresse. Une mère aurait davantage menti pour sauver les apparences, "tenu les pieds au chaud" pour masquer la même indifférence ; manipulé, quoi. J'en vois peu qui affichent leur manque d'amour officiellement, ce qui aurait le mérite de ne pas être pervers.

La fin aussi aurait peut-être gagné à moins d'ambiguité. Elle est construite comme un happy end, mais j'émets des réserves.

Rien, dans tout ce que dit "Maman" une fois décongelée, n'explique ni ne justifie que Sandrine baisse la garde. J'ai l'impression, moi, que "Maman" a juste appris pendant le week-end qu'elle gagnerait, comme je l'ai dit plus haut, à mettre de l'eau dans son vin et à maquiller davantage son indifférence. Par exemple, elle parvient à semer la zizanie entre les soeurs et à leur retourner leurs accusions : "Pourquoi vous ne m'aimez pas ?"

Ça, c'est du culot. Elles en restent bouche bée. Mais on ne sait pas si elles sont bouche bée parce qu'elles savent bien que c'est du culot ou si c'est parce qu'elles croient vraiment avoir commis une faute envers leur mère. C'est pourtant bien à la mère de commencer à aimer son bébé, pas à ce dernier de montrer l'exemple !

Le sourire de Sandrine dans le dernier plan est un sourire d'espoir ; celui de sa mère... Franchement, je ne sais pas. J'y lis du triomphe, genre "Je vous ai eues, filles de tarée". Comme quoi, ce n'est pas très net, assez ambigu pour qu'on y mette ce qu'on veut !

Josiane Balasko, Mathilde Seigner et Marina Foïs sont toutes les trois ma-gis-trales !

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Commentaires
D
Je te le recommande en effet, même si ça n'est pas un divertissement léger du tout. Essaie d'y aller avec quelqu'un avec qui tu puisses en parler après.
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M
Finalement ce film est plus dense qu'il n'y parait (d'après la critique). Je le retiens donc ...
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