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3 juin 2012

Pierre Grassou, d'Honoré de Balzac (1839)

pierre-grassouPierre Grassou, s'obstine contre l'avis de son maître et de collègues dans la carrière de peintre, qu'il exerce sous le nom de Fougères.
Il commet de fort mauvaises copies qu'un revendeur, Elias Magus, revend comme des toiles authentiques après les avoir vieillies... Il ignore ce détail, qui le révulserait. En effet, Pierre Grassou est quelqu'un de loyal, honnête, acceptant de vivoter, ennemi des combines, soumis à l'ordre établi et au monde tel qu'il va.
Elias Magus va le mettre en rapport avec la famille de Vivelles, trois riches "légumes" qui aimeraient qu'on fasse leur portrait ; il a l'arrière-pensée de marier son peintre avec la jeune fille de la maison.


C'est une très brève nouvelle, loin d'être la meilleure de Balzac, mais que les éditeurs exhument, dans la louable intention d'aider les profs de Lettres du lycée à appliquer les nouveaux programmes et à s'improviser historiens de l'Art.
J'arrête là les jérémiades car tout n'est pas mauvais : j'ai d'abord trouvé très intéressante l'idée de démontrer que le talent ou son absence ne pouvait présumer de la gloire. Le récit, presqu'un conte, illustre l'expression "succès d'estime", mais dans un sens nouveau : c'est la vie personnelle, humble, fidèle, politiquement correcte (Grassou est un précurseur) qui va amener public de bourgeois (donc d'acheteurs)  et grands à s'intéresser à lui.
Changera-t-il ? Balzac tient trop à garder la sympathie du lecteur à ce pauvre Grassou, qui souffrira de savoir mauvaise peintre notoire, mais souffrira dans l'aisance matérielle.

On retrouve des personnages-types récurrents, comme l'affairiste qui exploite les artistes, sans chercher à les faire profiter des escroqueries qu'il monte grâce à eux et Balzac transpose au milieu de la peinture des choses qu'il a déjà dites sur le milieu littéraire, par exemple dans Splendeur et Misère des courtisanes.

Citation :

Ce peinture, bon père et bon époux, ne peut cependant pas ôter de son coeur une fatale pensée : les artistes se moquent de lui, son nom est un terme de mépris dans les ateliers, les feuilletons ne s'occupent pas de ses ouvrages. Mais il travaille toujours, et il se porte à l'Académie où il entrera. Puis, vengeance qui lui dilate le coeur ! il achète des tableaux aux peintres célèbres quand ils sont gênés, et il remplace les croûtes de la galerie de Ville-d'Avray par de vrais chefs-d'oeuvre, qui ne sont pas de lui. On connaît des médiocrités plus taquines et plus méchantes que celle de Pierre Grassou qui, d'ailleurs, est d'une bienfaisance anonyme et d'une obligeance parfaite.

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