Iphigénie à Aulis, d'Euripide (406 avant J.-C.)

18 septembre 2012

Iphigénie à Aulis, d'Euripide (406 avant J.-C.)

On connaît tous l'histoire : le devin Calchas annonce à la coalition des Grecs rassemblés qu'aucun vent ne soufflera tant qu'on ne sacrifiera pas Iphigénie, la fille aînée du roi Agamemnon. Ce dernier a publiquement opiné et fait envoyer chercher sa fille sous prétexte de la marier à Achille... mais une fois seule, l'horreur le saisit et il tente d'envoyer un contre-ordre à Clytemnestre, sa femme. Le message est intercepté par Ménélas qui le raisonne.

Clytemnestre et Iphigénie arrivent, au chagrin terrible d'Agamemnon qui tente de faire face. Clytemnestre rencontrant par hasard Achille le salue cordialement comme son futur gendre mais, détrompée, reste désemparée et honteuse d'apprendre la vérité. Outré que son nom ait servi pour une ruse de ce genre, Achille promet de se faire le champion de sa "fiancée" Iphigénie.

C'est une version très belle de cette tragédie qu'on a lue ou vue si souvent... Je n'ai pas un souvenir aussi coloré d'Iphigénie de Racine, trop compassé à mon goût. Les heurts d'espoir et de désespoir des personnages sonnent ici très juste. La soumission d'Iphigénie sort les personnages d'une impasse.

C'est une des rares tragédies, pour ne pas dire la seule, mais j'ai trop la flemme de fouiller longtemps mes souvenirs pour fuir l'approximation, où Ménélas apparaisse. Franchement, on a vraiment l'impression de voir l'entrée du renard, du traître, qui feint l'indulgence quand il la saura inutile. Il fait l'intérim avec Ulysse, auquel ce rôle de contrôleur de la marche fatale est très souvent dédiée, chez Euripide !

Comme je sors de nombreuses relectures et d'études, ces dernières années, d'Hécube, du même auteur, j'ai vraiment été frappée de la ressemblance entre Iphigénie et Polyxène, ainsi que de celle des plaidoyers des mères.

A propos de mère, le silence de Clytemnestre devant la dernière réplique d'Agamenmon à la fin est... glaçant.

Citations :

Après avoir été nommée ma fiancée,
jamais ta fille ne sera égorgée par son père.
Je ne prêterai pas ma personne aux machines qu'il monte.
Car c'est mon nom, - à l'instar d'une arme levée -
qui serait l'assassin de ta fille. (Achille)

Mon frère [Oreste], tu es bien petit pour secourir les tiens.
Joins cependant tes pleurs aux miens et demande à ton père
qu'il épargne la mort à ta sœur.
Les innocents eux-mêmes ont la prescience du malheur.
Vois, qu'a-t-il besoin de paroles ? Il t'implore, mon père.
Ah ! considère-moi, aie pitié de ma jeune vie, par ton menton qu'ensemble nous touchons, nous tes deux bien-aimés
lui, le petit oiseau, moi déjà une femme. (Iphigénie)