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20 mars 2014

My Sweet Pepper Land, de Hiner Saleem (2014)

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Un Kurdistan naît au début du film, dont un pied serait dans le monde réel, un autre dans un Groland. Un combattant de l'indépendance, Baran (Korkmaz Arslan), demande à continuer à se rendre utile plutôt que de se complaire dans les honneurs faciles de la nouvelle classe dirigeante. On l'envoie à Kamrian, sur la frontière proche de la Turquie et de l'Iran, une sorte de terre montagneuse et désolée, abandonnée à la loi du plus fort, territoire punitif des fonctionnaires d'Etat...

Sa route croise celle de son adjoint (dont j'ai oublié le nom... Reber ?) et surtout de Govend (Golshilfteh Farahani), une jeune et jolie institutrice qui n'est pas la bienvenue dans ce village, en tant que vecteur d'instruction, sans doute, mais surtout en tant que femme seule ; ça n'avait pourtant déjà pas été une mince affaire d'obtenir du conseil de famille l'autorisation d'aller travailler hors de sa surveillance...


Ce film a été une surprise à tous points de vue : d'abord parce que c'était le film-surprise du Ciné 89 de Berre-l'Etang, ensuite parce qu'il nous emmène dans un pays peu connu dans un genre décalé à cet endroit, le western !

C'est un western parce que nous avons le héros pur et dur, solitaire, intraitable, capable de violence comme de tendresse, le shérif, en somme, Baran. Shérif et institutrice, c'est vieux comme le monde (du western), et puis, une faible mais courageuse jeune femme, c'était tellement conforme !... Le fidèle adjoint joue les utilités avec maestria. On a les Indiens ("ou plutôt les Indiennes", comme disait J. B.), des combattantes kurdes en Turquie qui viennent quêter des médicaments et donnent du fil à retordre aux trafiquants sans foi ni loi, les vrais méchants de l'histoire, menés par le chef autoproclamé Aziz Aga (Tarik Akreyi). Enfin, avant d'approcher de Kamrian, un pont ayant été détruit, tous les bipèdes se voient obligés de revenir au transport à cheval...

Le film est d'abord très beau : Govend, dans ses moments de joie ou de détresse joue d'un instrument incroyable que je ne connaissais pas, avec des paysages incroyablement austères et dont la beauté lumineuse, je crois, se mérite ; le mode de vie spartiate des habitants de la frontière nous transporte des siècles en arrière et c'est un dépaysement.

L'amitié entre un homme et une femme est un thème intemporel, leur amour naissant presque un poncif, mais dans un endroit aussi reculé, où parler d'honneur confine à la manipulation, j'ai aimé que les héros, innocents des accusations d'inconvenance proférées à leur encontre, ne se justifient jamais. D'abord parce que se justifier est en soi contraire à sa dignité quand on est innocent ; ensuite parce qu'on n'a pas à se justifier auprès de personnes moralement douteuses elles-mêmes ; et pour finir parce que, peut-être, l'attraction physique grandissante rendra bientôt mensongère, sentent-ils, toute protestation d'innocence...

L'humour n'est pas absent du film, loin de là, il a une force satirique bienvenue. Il est produit par Guédiguian, si ça n'est pas une jolie surprise ! A voir !

Bande-annonce en VO sous-titrée en anglais.

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