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12 mai 2016

La Belle Amour humaine, de Lyonel Trouillot (2011)

la-belle-amour-humaineUne jeune Française, Anaïse, vient en Haïti à la recherche de son histoire familiale, de son grand-père. La voix du chauffeur prolixe qui l'emmène à l'Anse-à-Fôleur se mêle à des passages à la narration externe qui nous présentent ce colonel, Pierre André Pierre, et son ami Robert Montès, le grand-père, sous un jour vraiment peu reluisant.

L'ambiance dans le récit est lourde de leurs exactions et du fait qu'on peut raisonnablement soupçonner que l'incendie dans lequel tous deux ont péri n'ait pas été accidentel... mais à Anse-à-Fôleur, tous avaient un alibi...

La voix d'Anaïse conte son propre parcours, sa propre histoire, en fin de parcours. Elle rencontre Solène, que son père avait follement aimée avant de quitter l'île et de rencontrer sa mère, le peintre qui a peint toute sa vie le paradis de la communauté sans les deux disparus, Justin, torturé par le colonel et son grand-père...


On est initié à un monde à la fois semblable et différent, où la nature exulte et les passions humains rampent. A la fois séduite par les descriptions et un peu perplexe, égarée par les bribes décousues, j'ai failli décrocher. Mais la fin soutient l'attention.

 Citations :

  • De mémoire de villageois, jamais ils ne vécurent meilleur matin ni meilleure nuit, et, n'était le souvenir charnel des mets et des baisers, ils pourraient croire avoir rêvé. Voilà ce que les hommes te diront. Les femmes ajouteront pour leur part qu'il ventait ce soir-là un air de parfum frais, mélange de petit baume, de jasmin et d'ilang-ilang.
  • J'ai servi de guide à un restaurateur pendant une semaine. On s'était mis d'accrod sur un montant pour mes services. Sept jours durant, il a voulu les renégocier à la baisse (...). Pour lui, tout employé est toujours trop bien payé, mais il distribuait l'argent par les fenêtres de ma voiture et de sa chambre d'hôtel. (...) A la fin il lui restait encore beaucoup de cash. Pour s'en débarrasser, il a acheté des paniers de fruits que nous avons laissés au bord de la route. (...) Il est reparti, satisfait, exploiter ses employés et vendre de la merde à ses clients.
  • Ils ne sont pas si exceptionnels que ça. Qu'y a-t-il d'exceptionnel à tenir le monde pour sa propriété, à tout pourrir pour en tirer avantage, à ne penser l'autre qu'en termes de pertes et de profits ? C'est partout ainsi.
  • En discutant avec mon prof sur les systèmes politiques, j'ai compris que la stabilité d'un système ne tient pas à ses vertus mais à sa maîtrise de la provocation.
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