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23 février 2017

Un Paese di Calabria, de Catherine Catella et de Shu Aiello (2016)

paesedicalabria

Documentaire.
A Riace, un petit village, annobli par la découverte de bronzes antiques attestant des échanges jadis dans toute la Méditerranée, vivote au milieu de négoces qui ferment, voit sa jeunesse émigrer et ses maisons se délabrer et la 'Ndrangheta manger les restes. Le maire se bat contre cette organisation criminelle par idéologie et tradition familiale, sans se résigner à la désertification de son paese. Il songeait à réhabiliter les maisons vides pour les dédier au tourisme. Mais, il y a une quinzaine d'années, des réfugiés kurdes se sont installés. Puis les autres naufragés de la Méditerranée, des gens traumatisés par une semaine de jeûne total en mer, des femmes enceintes des viols dans les camps de Lybie, viennent demander asile, sur cette terre du sud où l'homérique culture de l'hospitalité est toujours en vigueur.


On assiste à une alchimie inattendue : comment Domenico Lucano, le maire, régulièrement harcelé par la 'Ndrangheta, intéressée par la manne humaine à exploiter que représentent des gens qui arrivent affaiblis et déboussolés, a décidé de créer un refuge. La ville propose pendant deux ans aux nouveaux arrivants un programme d'intégration (langue italienne, travail...) le préparant à leur vie italienne ou européenne ; ce sont d'ailleurs l'UE et l'Italie qui financent le programme. Ce n'est pas de la charité, mais un échange gagnant-gagnant où le pays déserté se repeuple, relance son activité, maintient son école et offre une seconde vie à ceux qui ont failli perdre la leur.
Et ça marche : l'agro-pastoralisme était le plus souvent le métier des Africains, et autres, qui sont là. Ils apprennent la langue, ils s'intègrent, chantent et dansent, discutent avec les habitants. Ceux-ci sont parrains et marraines des bébés qui naissent. De jeunes Egyptiens fêtant un anniversaire sortent porter une part de gâteau aux dames qui devisent sur le pas de leur porte.

C'est tellement idyllique qu'ARTE n'a pas voulu participer à la production : "pas assez de conflits". Apparemment, l'ombre de la 'Ndrangheta n'est pas assez étouffante, on ne voit pas non plus de militant néo-fasciste faire d'esclandre pendant la messe oecuménique où l'on prie Allah en gambien ni troubler les prières au soleil couchant : pas assez conforme aux attentes anxiogènes du dialecticien, ce film.

C'est ce qui a fait son charme et qui fait penser que, peut-être, avec plus d'intelligence, il devrait être possible de s'entraider dans la mesure de nos moyens : les habitants de Riace étaient si pauvres qu'ils n'avaient plus grand'chose à perdre ; ils furent aussi terre d'émigration, ont reçu des lettres douloureuses de leurs enfants, frères, cousins émigrés. Ils savent qu'on ne quitte pas sa terre de gaieté de coeur. Peut-être est-ce là le secret de leur sagesse et de leur ouverture.

Nous avons rencontré l'une des réalisatrices, Catherine Catella et une militante d'SOS-Méditerranée (dont j'ai oublié le nom, désolée) qui fait un travail humanitaire phénoménal puisqu'ils ont déjà sauvé 13.000 personnes en danger de mort sur nos eaux. Merci à tous.

Vu en VOST.

Extrait.

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