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10 juillet 2021

Paralysie créatrice, exposition de Keshalan

1626418735395J'ai honteusement tardé à faire ce billet (le rapatriement de mes photos ici reste une contrainte technique à mon âge qui ralentit trop souvent mes plus sincères enthousiasmes) et il ne reste plus que quelques jours pour courir voir l'exposition de Keshalan, un jeune artiste talentueux que je suis avec plaisir depuis des années.

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De l'inconvénient d'arriver en retard au vernissage, outre faire éclater au grand jour sa difficulté à gérer le temps, on manque la présentation et la "profession de foi" éclairantes.

Keshalan a pensé à exposer ce qui est essentiel dans la préparation d'un tableau, les dessins. Je suis loin d'avoir tout photographié :

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"Contemplation parmi les ruines" (2021) - Huile sur toile de lin 89 x 116Un des visiteurs, pendant son discours, a évoqué Enki Bilal (et a fait mouche) mais en pensant, moi, à Tim Burton, je ne me trompais pas non plus. Dans cette exposition, parmi les choses qui m'ont frappée, et malgré la multiplicité des références que n'importe quel prétendu intellectuel veut faire à tout prix, c'est l'unité d'inspiration personnelle, qui fait qu'on reconnaît l'artiste quelle que soit la forme dont l'idée se matérialise. Pour moi, c'est ça qui fait la valeur d'une oeuvre : " le souffle" et pas "les jolies petites choses" hétéroclites.

"Les amants de pierre retrouvent la lumière" (2021) Huile sur toile de lin 65 x 85Détaché de ses parrainages supposés ou avérés, Keshalan crée des présences englobées dans une matière, qui sont mouvement ou arrêt, sans qu'on puisse être certain du caractère vivant de la créature, comme les virus. Je vois une exception dans "Contemplation parmi les ruines" où les souples mouvements de bras et de jambes du personnage humain répondent à la raideur mais aussi à la même immédiateté de la position de l'étrange colosse (sphinx, dit Keshalan) penché sur lui. Le pendant de ce tableau me paraît être "Les amants de pierre retrouvent la lumière" : outre l'émotion positive (l'un regarde vers l'horizon et l'immensité, l'autre, évoque dans le titre l'excavation d'une oeuvre signifiant l'union amoureuse), j'y vois deux monuments archéologiques auprès desquels un humain se réfugie et qui sont toutefois marqués par l'entropie plus que lui, cette fois, c'est dans le titre ("ruines") que le premier est marqué, tandis que l'autre l'est dans la pierre rongée comme du calcaire par le dioxyde de carbone.

"Paralysie créatrice" Huile sur toile de lin

Inspiration arrêtéeJe choisis de faire un autre pendant (mais il vous reste bien d'autres oeuvres à découvrir), cette fois avec deux toiles que j'aurais achetées avec plaisir, après un long dilemme, si l'oeuvre de défunte ma mère n'occupait pas déjà tous les murs de ma demeure (à l'exception des toilettes et de la buanderie). Ces deux oeuvres-là (je parlais plus haut de virus) sont d'une chaude actualité et explorent la période difficile que nous venons de vivre, notamment pour les artistes. L'interdiction des rassemblements pour d'autres choses que le travail (l'art étant stigmatisé d'un "non-essentiel" qui en dit long sur le glissement idéologique que nous avons officiellement effectué) a obligé les artistes à se figer, vus de l'extérieur, et à creuser leur mouvement à l'intérieur d'eux-mêmes, à partir à l'intérieur de leur matriochka ou en faire pousser une nouvelle forma. L'une des deux nomme judicieusement l'exposition ("Paralysie créatrice"), l'autre est fabuleusement et paradoxalement une sorte de fertilité macabre que je trouve passionnante (et qui signe soudain la fin de mon dilemme ici et maintenant), oxymore inversé du précédent : "Inspiration arrêtée". Dans la même veine, le très beau "Retenu", que je ne publie pas ici mais que je vous encourage à courir voir.

Du 9 au 23 juillet à l'Espace "Le Ménestrel"
Esplanade Albert Mairot
13730 Saint-Victoret

PS : L'instant humour noir, l'oeuvre d'une soirée Halloween : Le Portrait de Dorian Gray.

 

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