Garbo, de Guillaume de Fonclare (2017)

Juan Pujol Garcia, dit "Garbo", lègue à son petit-fils le récit complet de sa vie depuis sa jeunesse en Espagne jusqu'à son émigration. Il y a paradoxalement louvoyé, par pacifisme, dans les camps les moins proches de ses idéaux véritables, jusqu'à embrasser une carrière d'agent double, à la fois fidèle à son infidélité et correspondant au camp qu'il voulait réellement servir.

Ce n'est pas un récit, contrairement à tous les autres, que j'ai particulièrement apprécié. Sa linéarité me fait soupçonner le souci de l'historicité plus que de la littérarité. Le "je" du narrateur n'est plus celui de l'auteur, contrairement à ses autres oeuvres (que j'ai lues) et peut-être cela incite-t-il ce passionné d'Histoire à la prudence, à une sorte de timidité ?

Il n'en est pas moins vrai que l'auteur écrit bien, qu'il sait évoquer mais sans doute moins puissamment, pour moi, sauf dans le dernier tiers du roman, où la psychologie prend un meilleur corps et s'épaissit littérairement, où un paradigme de l'écrivain et de l'agent double s'opère. Quoi qu'il en soit, l'auteur ne cherche pas du tout à rendre Garbo sympathique, bien que ce dernier ne cesse de se justifier auprès de son petit-fils, et met en oeuvre une sorte de candide duplicité avec beaucoup de talent.

Quelques pages.

Citations :

• (...) Tomàs m'apprit qu'on me décernait l'une des plus hautes distinctions britanniques pour le travail que j'avais fourni au service des Anglais ; j'étais fait "member of the order of the British Empire" (...). C'est cette même semaine qu'une lettre d'Emilio m'annonça, triomphante, qu'on avait fait un constat identique à Berlin, et que le Führer m'accordait personnellement la croix de fer de seconde classe.
• Sors, respire, cherche le soleil et calme les battements de ton coeur ; attrape la vie comme elle vient, et laisse le ressentiment ou la colère avec le passé. Que Dieu vous garde tous et que s'accomplisse ce qui doit être accompli.