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4 août 2022

Cendrillon, de Joël Pommerat (2011)

9782330149635Joël Pommerat, dont j'ai tenu à comprendre la démarche dans l'apparat-critique abondant de cette édition, revisite le conte indo-européen de Cendrillon et l'adapte pour le théâtre. Dans une version contemporaine qui fait toutefois des clins d’œil au siècle de Perrault, tout en se fondant essentiellement sur la version des frères Grimm, le dramaturge (qui n'a pas séparé le temps d'écriture de celui de la scénographie) s'attache à répondre aux questions que je me suis toujours posé sur ce qui me paraissait être des incohérentes narratives... Et il y répond bien ! En inscrivant Sandra-Cendrier-Cendrillon dans une démarche de deuil mal fondé, il parvient à expliquer que la fille du maître de maison puisse se retrouver à être la souillon du lieu. Le merveilleux du conte va également être évacué en douceur (la marraine fée est toujours là), de même que la fin traditionnelle du conte, qui sacrifie à la fois à la société d'aujourd'hui et à sa conception d'une fin heureuse.
Difficile de classer cette pièce ailleurs que dans le fourre-tout du drame, bien que tragi-comédie lui irait mieux, en effet, malgré les passages tragiques et les manifestations dérangeantes de cruauté, on sourit, on trouve un quiproquo assez savoureux (mais cruel également et que le personnage le plus odieux de la pièce en soit victime ne le rend pas forcément très très gai).
C'est une découverte très intéressante ! J'ai hâte de voir la mise en scène de Pommerat car le décor est tout à fait exceptionnel !

Citations :

  • Maman, je te promets que je penserai à toi à chaque instant. J'ai très bien compris que c'est grâce à ça que tu mourras pas en vrai que tu resteras en vie dans un endroit secret invisible tenu par des oiseaux. J'ai très bien compris que si je laissais passer plus de cinq minutes sans penser à toi ça te ferait mourir en vrai. Ne t'inquiète pas maman, je ne te laisserai pas mourir en vrai, tu peux compter sur moi. Tous les jours, à chaque minute et pendant toute ma vie, tu seras dans mes pensées...
  • LA BELLE-MÈRE. - Oui, je sais ! Hier encore, on m'a dit la même chose dans un magasin ! " C'est fou, à vous tout vous va ! Et puis vous faites si jeune ! Vos filles, si on savait pas que c'étaient vos filles, on les prendrait pour vos sœurs!"
    LES DEUX SŒURS. - On sait, tu nous l'as dit déjà.
    LA BELLE-MÈRE. - On me le dit tous les jours ! C'est pour ça ! C'est fatigant à la longue... Des fois même je me demande si j'aimerais pas mieux faire mon âge comme les autres ! (...)
    SŒUR LA GRANDE (à la belle-mère). - Et lui, il est comme ça maman ? Mais il est vieux, il a cinquante ans de plus que toi on dirait !
    LA BELLE-MÈRE. - N'exagère pas ! Il est pas vieux, il fait son âge c'est tout !
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