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26 avril 2023

Voyage en Italie, de Sophie Letourneur (2023)

mediaSynopsis copié sur le dépliant : Une escapade romantique peut-elle raviver la flamme dans un couple ? Elle a réussi à le convaincre de partir quelques jours sans enfants. Ce sera où il a envie, sauf en Italie. Il y est déjà allé avec toutes ses ex... L'Espagne ? Les sentiers de l'Aubrac ?
Ce sera finalement la Sicile - car selon lui, c'est pas tout à fait l'Italie.


 Sophie Letourneur a d'abord fait un scénario à deux voix en collaboration avec son compagnon : ils se sont enregistrés se remémorant leurs souvenirs de voyage en Sicile. Elle va attribuer le rôle de son compagnon à Philippe Katrine, un musicien et chanteur qu'elle juge capable de reprendre la "partition" à l'oreille. Effectivement, la jonction de la scène du lit où ils se racontent leur propre voyage se fait bien : on comprend que tout le film est la mise en images de tout leur récit. Le problème est juste que cela fonctionne tellement bien que cela mériterait d'être la dernière séquence du film, or elle n'est qu'une étape longuette au bout des deux-tiers du film, désormais intercalée avec des images répétitives et là, je me suis prise à me demander si le voyage n'avait pas fait plus plus des quatre jours prévus...

Le ton oscille plaisamment entre séquences touristiques exaltantes (et maintenant, je veux aller en Sicile - miracle de la vue des pâtisseries siciliennes et de celle que les personnages avaient de la piscine de leur hôtel sur le somptueux temple d'Agrigente perdu dans une végétation printanière), voire lyriques et la trivialité du quotidien d'un couple qui non seulement ne se regarde plus trop, mais ne regarde pas tellement dans la même direction. Ils le savent et le bout avoué de cette parenthèse était de leur redonner un second souffle. Mike Newel a tiré l'adaptation d'Avril enchanté, d'Elisabeth Arnim, de la même matière mais d'une toute autre manière que Letourneur. Ce couple mis à mal par le quotidien débat au début du film sur l'espérance qu'on peut avoir qu'un tel voyage puisse opérer leur sauvetage en sortant du quotidien quelques jours. Pour Jean-Philippe (Philippe Katerine), c'est sur les lieux mêmes où l'entropie s'exerce qu'il faut tenter le sauvetage ; pour Sophie (Sophie Letourneur), c'est au contraire en s'extirpant du quotidien et en se retrouvant en couple que les choses peuvent se retourner. Comme dans la plupart des débats incessants qui ont lieu dans leur couple, c'est sa position qui prévaudra... à l'exception de la destination, car Jean-Philippe n'a jamais voulu démordre de l'Italie. Mais le piquant paradoxe du film, c'est justement de montrer que le quotidien vous poursuit au cours d'un voyage, et la réalisatrice le fait magistralement. Le mille et un petits débats, les micro-chamailleries, les concessions de marchands de tapis qui arrachent chaque fois à l'un ou à l'autre une petite plume ressemblent à s'y méprendre à celles qu'on voit chez eux dans le début du film ! Musset et Sand avaient déjà vécu cela à Venise, le lit des couples invétérés, même en voyage, sert plus à discuter et à s'écrouler de fatigue ou à bouder qu'à monter au septième ciel ou à requinquer sa libido... en tout cas, pas à l'intérieur dudit couple ! Mais Letourneur n'explore guère cette voie, et la jalousie de Jean-Philippe s'exprime plus en termes de dignité émoussée d'un ton las qu'en perfusion d'adrénaline. Les nudités n'allument aucune étincelle dans leurs regards respectifs, dilué dans la trivialité du reste de leurs préoccupations.

Pour moi, même si la démonstration était ambitieuse et a été réussie, elle aurait été mieux servie par un moyen métrage ; hélas, ce format n'est guère prisé et aurait condamné le film.

Bande-annonce.

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