Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mots et Images
Mots et Images
Derniers commentaires
Newsletter
18 mai 2023

Sido, de Colette (1930)

9782253104407-001-TColette évoque la figure maternelle à travers le surnom que son père, dit-elle, était le seul à lui donner. Si la présence de sa mère est très présente dans l'oeuvre, celle de son père, à travers l'amour et l'entente parentale, sans compter le chapitre "Le Capitaine" qui lui est dédié, l'est également, et ils forment le cadre dans lequel Colette se remémore des moments privilégiés de son enfance, à les observer et les écouter mais aussi à communiquer avec la nature, celle des jardins. Est-ce intentionnel ? Colette multiplie les métaphores liées à la sorcellerie et au paganisme quand elle montre sa mère au jardin parlant à ses voisins dissimulés par leurs haies, c'est frappant au XXIème siècle où ces images sont surreprésentées, notamment à cause d'une sorte d'écoféminisme où l'on veut à tout prix faire de toutes les sorcières du passé les féministes de jadis.

Je ne comprends pas bien le parcours associé "La Célébration du monde", imprécis, que le Ministère de l'Education nationale, lui accole. "Éducation à la sensualité" me paraît plus exact, si on le prend d'une manière vaste et non pas comme le synonyme indu d'"érotisme" (déviance soixante-huitarde qui a donné lieu aux abus - au moins théoriques - que l'on sait), mais je suppose que l'hyperréactivité sur des riens qui caractérise la critique de l'institution, quand la plupart des gens ignorent tout ce qui la détruit réellement, nécessite une approche pudibonde et, en l'occurrence, très détournée. Par ailleurs, ce que Colette "célèbre" me paraît être le "cadre de vie", celui dont on peut prendre soin, et qui comprend nos proches et nos voisins, ce qui est bien plus réducteur, à la limite "célébration de son (petit) monde"...

Un grand bonheur me prend, à suivre Sido dans son jardin, bien que la dame ne soit guère commode. Beaucoup d'allusions à une vie quotidienne aujourd'hui disparue ont piqué ma curiosité mais hélas, les notes de bas de page, pour une fois utiles, étaient absentes ou brillaient par leur évasivité. Par exemple, merci de nous préciser que Le Temps était un journal de l'époque... mais de quelle ligne éditoriale ? (bourgeoise libérale, finit par répondre Google après moult scrolling).

"Les Sauvages" parle de ses frères et soeur avec pittoresque (on retrouve le champ lexical du "petit peuple" parfois) et une certaine tendresse. Finalement, du bout des lèvres, je suis obligée de reconnaître que j'ai bien aimé ces souvenirs.

Citations :

  • Je revenais à la cloche de la première messe. Mais pas avant d'avoir mangé mon saoul, pas avant d'avoir, dans les bois, décrit un grand circuit de chien qui chasse seul, et goûté l'eau de deux sources perdues, que je révérais. L'une se haussait hors de la terre par une convulsion cristalline, une sorte de sanglot, et traçait elle-même son lit sableux. Elle se décourageait aussitôt née et replongeait sous la terre. L'autre source, presque invisible, froissait l'herbe comme un serpent, s'étalait secrète au centre d'un pré où des narcisses, fleuris en ronde, attestaient seuls sa présence. La première avait goût de feuille de chêne, la seconde de fer et de tige de jacinthe... Rien qu'à parler d'elles je souhaite que leur saveur m'emplisse la bouche au moment de tout finir, et que j'emporte, avec moi, cette gorgée imaginaire. '"Sido"
  • Apport de songe, fruit d'une lévitation magique, jouet de sabbat, le piquet, quenouillé de ses dix mètres de cordelette, voyageait par les airs, tombait couché aux pieds de ma mère... "Sido"
  • Trop tard, trop tard... C'est le mot des négligents, des enfants et des ingrats. Non que je me sente plus coupable qu'une autre "enfant", au contraire. Mais n'aurais-je pas dû forcer, quand il était vivant, sa dignité goguenarde, sa frivolité de commande ? Ne valions-nous pas, lui et moi, l'effort réciproque de nous mieux connaître ? "Le Capitaine"
  • Il faut du temps à l'absent pour prendre sa vraie forme en nous. Il meurt, - il mûrit, il se fixe. "Le Capitaine"
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité