Olympus T.E.X.A.S., de Stacey Swann (2024)
March, il y a deux ans, a commis l'adultère avec sa belle-soeur Vera, et a disparu sans plus donner de nouvelles à quiconque. Il a fini par revenir à Olympus mais ses proches lui en veulent, pour la plupart, encore beaucoup : sa mère, June, d'avoir compromis la cohésion familiale (en poursuivant la tradition d'infidélité de Peter, son père), Hap, son frère... qui a cependant pardonné à Vera et fait un petit Pete junior avec elle.
Mais la ville d'Olympus, où une gargote prétend vendre du nectar et de l'ambroisie, a les yeux tournés vers cette puissante famille Briscoe : on attend la confrontation de March et d'Hap, certes, mais on se demande aussi ce qui va se passer si Arlo, le fils adultérin de Peter Briscoe (senior), revenu lui aussi de ses tournées de musicien, tombe face à Laurel qui l'obsédait... puis ce qui a bien pu se passer à la rivière Brazos entre Arlo, sa soeur Artie et l'amant de celle-ci, Ryan...
Comme évidemment j'avais été alléchée par l'allégation qu'Olympus allait nous parler de mythologie, j'ai un peu voulu prendre cela comme un jeu de piste premier degré. En réalité, ça n'est qu'une petite contrainte ajoutée à l'écriture, une sorte de choix esthétique, bien joué et bien trouvé... et très discret : il a fallu très longtemps pour que June et March redeviennent Junon et Mars, et encore plus longtemps pour que j'entende Jupiter dans Peter... J'arrête là : le lien est subtil, d'autant plus amusant qu'on trouve seul, et pas central du tout. Nous sommes bien au Texas et nos personnages sont bien de leur temps.
J'ai aimé que l'autrice écrive des chapitres suivis de l'origine des réactions ou des problématiques antérieures qui peuvent soudain donner un relief a posteriori à ce qu'on vient de lire. Elle nous fait comprendre que nous sommes des couches d'histoires, de déceptions, de peurs, engrangées depuis, parfois, la naissance et qui nourrissent nos comportements névrotiques.
La question de savoir si l'on est capable de changer, de s'adapter, ou de rompre complètement avec le passé est posée et dans le dernier quart, le roman devient vraiment addictif.
Je remercie beaucoup les éditions du Seuil et Babelio de m'avoir renouvelé leur confiance et proposé à la lecture, en toute liberté, ce roman tout nouveau !
Citations :
- Toute sa vie les gens avaient considéré sa beauté comme un magnifique cadeau, qu'ils enviaient ou convoitaient, en fonction de leurs propres désirs. Elle entendait des femmes assises au bar se plaindre auprès d'autres femmes, car elles se trouvaient trop vieilles, trop banales, trop grosses ou trop maigres. Ne savaient-elles pas que c'était un bienfait pour une femme de passer inaperçue, de ne pas se faire remarquer par le monde extérieur ? Ces femmes n'étaient pas obligées d'affronter une ville entière remplie d'hommes qui estimaient qu'ils devaient la posséder simplement parce qu'ils en avaient envie, comme si sa beauté brisait le verrou qui la protégeait et la laissait grande ouverte, à la disposition de quiconque était intéressé.
- Être une famille, ça veut juste dire qu'il n'y a pas de clôture entre nous pour nous protéger.