Maradona, d'Emir KUSTURICA (2008)
Il s'agit d'un documentaire composé d'images d'archives, de reportages annexes, d'entretiens avec Maradona et d'Emir Kusturica qui présente des extraits de ses films, en lien avec la personne et le personnage de Maradona.
MON AVIS
Comment j'ai réussi à ne jamais voir un seul film de Kusturica, je l'ignore. Ce n'est pas de propos délibéré qu'il manque à ma filmographie, et je l'ai souvent regretté en écoutant les fabuleuses B.O.F. qu'il a commandées. Ce film est une rencontre : avec un metteur en scène et avec un sportif pour lequel, je l'avoue, par indifférence et peut-être réticence. Le metteur en scène, en effet, ne s'efface pas devant son sujet, et il arrive que je voie assez mal le lien entre les extraits de ses films et Maradona.
Ce reportage tient du film familial : on y aperçoit Maradona dans des fonctions officielles (leader d'un mouvement anti-capitaliste et anti-impérialisme), mais aussi dans des situations familiales extrêmement privées (l'anniversaire de sa fille Delma) et des confidences qu'on ne fait en général qu'à son meilleur ami. Il y est question de drogue, bien sûr, mais aussi d'amitié, d'engagement, d'amour familial, et (alors là, si je m'y attendais) de désintéressement, bien avant que la richesse ait pu lui en ôter le mérite. On le voit rencontrer Fidel Castro et lui témoigner son attachement. Tout doucement, Maradona semble "se reconstituer", on aperçoit un homme épicurien, sans doute dans l'aisance, mais sans tapage, très famille, vivant dans un bain idéologique et musical et appelant toute l'Amérique latine à de la dignité devant les Etats-Unis d'Amérique.
Nous sommes en plein championnat d'Europe, et j'avoue que j'ai été impressionnée de pouvoir comparer en sa faveur ses foulées et ses tirs, par rapport à ceux que nous apercevons à la télévision.
Contrastant avec cela, des images navrantes, même si l'on tient compte du deuxième degré : les rites d'une Eglise Maradonienne, adorant un ballon, un chapelet de 35 ballons (le nombre de but pour l'Argentine), avec ses sacrements de baptême et de mariage... de même, je n'ai pas tellement apprécié ce dessin animé qui revient sans arrêt de Maradona combattant famille royale d'Angleterre, Bush, etc. sur un terrain de foot. Une fois aurait suffi.
J'ai trouvé un blog qui se montre encore plus sévère que moi : sans doute quelqu'un de mieux informé que moi de ce qu'est la vie du sujet, loin de pouvoir se prêter à l'hagiographie.