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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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30 novembre 2016

Sophisme ?

retzJacques Attali promène en ce moment sur les ondes, tantôt au sujet de François Mitterrand, tantôt au sujet d'Emmanuel Macron, la citation du cardinal de Retz : « Dans la vie publique comme dans la vie privée, on ne sort de l'ambiguïté qu'à son propre détriment. ».

 Jean-François Paul de Gondi, rebaptisé "cardinal de Retz", est un homme politique français d'origine italienne du XVIIème siècle dont je dois lire les Mémoires depuis des temps immémoriaux (1992). On peut facilement supposer que cette phrase a pu lui être inspirée, non pas de sa lecture de Salluste (dont il y a pourtant de beaux exempla à tirer), mais de sa participation active et sans ambiguïté à la Fronde qui lui valut d'être flanqué en prison dès que possible par Mazarin (tiens, Mazarin !), puis d'être tenu à l'écart par Louis XIV, qui n'avaient oublié aucune des humiliations infligées par le Frondeur (tiens, un frondeur !).

Décidément, l'Histoire bégaie.

La recommandation du sage, qui semble être la règle depuis François Mitterrand, est bien mal illustrée par François Hollande, qui n'a pas réussi, grâce à ce côté ni chair ni poisson, à se concilier d'appuis bien longtemps.

Alors, sophisme ?

Simplifions, en cherchant dans la vie privée. Un autre sage, mon petit-cousin (appelons-le) Aldo, en parlant d'un autre membre de la famille dont nous n'avions décelé la fourberie qu'au bout de vingt ans, m'a dit avec le sourire de celui à qui on ne l'a pas faite : "Moi, je me méfie des gens qui ne parlent pas."

Il est vrai qu'on peut projeter ce qu'on veut sur le silence : on peut, et le plus souvent, on veut le croire approbateur. On attribue au mutique des qualités de modestie, de réserve, éventuellement on peut le croire dénué d'avis. Et des actes d'hostilité, d'indifférence, d'égoïsme, de moquerie sont d'autant moins visibles qu'ils ne sont en contradiction avec aucune déclaration altruiste, aucune promesse audiblement formulée, aucune profession de foi philanthropique, aucun compliment...

Voilà donc auprès de qui ce genre de ruses (ambiguïté des paroles, pour le professionnel du mensonge, silence opaque pour le wannabe) ne prend pas : il y a des gens qu'on ne meut, qu'on n'émeut qu'en sortant de l'ambiguïté. C'est en prenant parti clairement qu'on rallie ces personnes, c'est en existant, par son verbe et ses actes, à condition qu'ils ne soient pas contradictoires, qu'on pourra obtenir leur appui et leurs suffrages.

Le cardinal de Retz n'a donc raison que si l'on a affaire à un pays (ou une famille) dénué de pragmatisme, qui signe des feuilles blanches et chèques en blanc à qui le demande avec un visage inexpressif ou un sourire bonasse. Aïe.

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