L'Établi, de Mathias Gokalp (2023)
Robert Linhart, un professeur d'Université, avec le soutien de son épouse militante de gauche, se fait engager chez Citroën pour raviver la flamme de la lutte des classes un peu retombée après les accords de Grenelle dans la classe ouvrière, lassée et croyant probablement être arrivée au sommet de ce qui peut être demandé. Or la direction demande justement à ses ouvriers de travailler bénévolement (!) 45 mn chaque jour pour récupérer ce qu'elle juge avoir perdu indûment lors de ces fameux accords ! Ou comment contourner la loi de façon décomplexée en le faisant payer aux ouvriers. Ceci dit, depuis, le patronnat fait ça tranquillement avec les 35 heures hebdomadaires (puisque les Français travaillent 41H par semaine environ) sans être inquiété.
Face à cette injustice que l'Inspection du Travail ne sanctionne pas, les ouvriers vont commencer une grève...
Le sujet est très intéressant, il est tiré de l'expérience de Linhart lui-même, de l'ouvrage du même titre qu'il en a tiré. J'ai appris des choses et j'ai malheureusement aussi simplement vu ce que je savais déjà, à savoir le racisme, sexisme décomplexé qui s'exercent comme dans une jungle anomique, au coeur des entreprises. Les mêmes sont les vieux dégueulasses, j'imagine, qui conspuent les "woke" sur les réseaux sociaux grâce au temps libre qu'une retraite à 60 ans conquise par la gauche leur octroie. Oui, je suis en colère. J'admire aussi la radicalité de parole et d'action de certaines militantes ouvrières de ce temps.