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18 juin 2010

Hernani, de Victor HUGO (1830)

hernaniSaragosse, 1519.

Don Carlos fait brutalement irruption chez Doña Sol, une jeune fille qu'il aime et qui est fiancée à son oncle chez qui elle est recluse. Ce faisant, il découvre qu'elle attendait un autre homme, Hernani. Or, les deux hommes sont ennemis mortels ; politique, honneur familial et sentiments se mêlent dans l'exécration. Ils décident immédiatement d'un duel, quand l'oncle de Doña Sol, Don Ruy Gomez arrive et s'offusque de trouver deux hommes avec sa nièce-fiancée.

Don Carlos se fait reconnaître pour le roi et futur empereur (Maximilien est mort) et prétend n'être venu que pour prendre conseil ; il en profite pour épargner Hernani. Tout pétrifié de rage en découvrant qu'il est face au fils de celui qui a fait exécuter son père, ce dernier quitte les lieux, en promettant tout bas à Doña Sol de l'enlever le lendemain soir.

Or Don Carlos a entendu et devance le rendez-vous. Hernani parvient heureusement à empêcher le roi d'enlever sa dulcinée, mais devient définitivement un proscrit et n'ose risquer cette proscription pour Doña Sol, si celle-ci lie sa destinée à la sienne :

Je suis banni ! je suis proscrit ! je suis funeste ! (v.681)
Ils n'ont que le temps d'échanger un baiser.

Avait-il bien conscience qu'il laissait alors Doña Sol au pouvoir de Don Ruy Gomez, qui n'a pas l'intention d'annuler son mariage ? Apparemment pas, au vu de la grande scène de jalousie qu'il lui fera à l'acte III, en découvrant qu'elle est à une heure d'épouser le vieil homme...


De la pièce, je me suis toujours contentée d'un résumé et de connaître la polémique (la si fameuse "bataille d'Hernani" que certaines personnes croient qu'il s'agit d'une bataille militaire !) jusqu'ici, avant de me décider à lire par moi-même, afin d'imaginer ce qui a pu causer un tel scandale, de telles échauffourées. D'ailleurs, pour prolonger le plaisir de la lecture, j'ai lu ensuite la chronique de ces fameux conflits dans le théâtre et dans la presse, notamment sous la plume d'Alexandre Dumas.

Nous assistons dans cette pièce à des assauts de noblesse surannée, assez séduisants et qui font mesurer à quel point nos valeurs sont viles et les leurs, absurdes.

Dans l'absolu s'entrecroisent des destins tragiques entre le meurtre et le suicide, avec quelques douces et folles scènes d'amour.

J'ai aimé qu'Hugo complexifie le rôle de Don Ruy Gomez en le détachant du barbon des comédies dès l'acte III, et le rende un des personnages les plus intéressants de la pièce.

Hernani pousse le romantisme jusqu'à se prendre pour Melmoth ou Maldoror (anachronisme assumé de ma part), alors qu'il est juste proscrit et cette affectation de sacrifice qui pousse jusqu'à dénier aux autres leur grandeur (pourquoi refuser à Doña Sol son propre héroïsme ?) a fini par m'agacer : "(...) Je suis une force qui va ! / Agent aveugle et sourd de mystères funèbres ! / Une âme de malheur faite avec des ténèbres !" (vv. 992-994). Heureusement, il y a :

"Mais je ne connais pas ce Hernani - Moi j'aime
Les prés, les fleurs, les bois, le chant du rossignol,
Je suis Jean d'Aragon, mari de Doña Sol !
Je suis heureux
!" (vv. 1924-1927)

Mais c'est aux actes IV et V que cet équilibre psychologique s'inverse, sans que quiconque s'avilisse : la noblesse, le serment et l'honneur sont des carcans qui nous abaissent par leur stabilité, leur essence même. J'adore la tirade de Don Carlos bientôt Charles Quint à Charlemagne sur le pouvoir et l'empire.

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