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Mots et Images
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10 novembre 2023

Six personnages en quête d'auteur, de Luigi Pirandello (1921)

9782253138860-001-TDans un théâtre où une troupe et son Directeur s'apprêtent à travailler Le Jeu des rôles, une autre pièce de Pirandello, une autre troupe fait irruption, mais ils prétendent n'être pas des acteurs, mais des... personnages ! L'allégation fait sensation... très négativement, notamment sur le Directeur. Ces Personnages devaient être mis au monde lors d'une publication, création de pièce mais leur auteur les a abandonnés ; ils réclament donc un autre auteur, le Directeur fera l'affaire. Une première mise en abyme survient donc : Pirandello s'essaie-t-il à une réflexion sur la notion de Personnage (avec tout le panel pour un drame) ou tâche-t-il de nous convaincre que de véritables personnes, pourvues de véritables histoires sont une source d'inspiration pour un auteur ? Très vite, nous comprenons qu'il y a deux pièces enchâssées : l'une est une comédie donnant à voir une situation peu banale à valeur de Poétique, l'autre est un drame, pour ne pas dire un mélodrame.

Les Personnages ne comprennent pas la notion d'illusion théâtrale, de convention théâtrale et cela donne lieu à des situations assez comiques : le Directeur empêche la Belle-Fille de se dénuder alors que c'est bien ce qui s'est passé en réalité, proteste-t-elle ; que des choses confidentielles soient clamées et non pas chuchotées ; de même qu'ait lieu devant les autres personnages une scène à laquelle, dans la réalité, ils n'ont pas assisté. D'une manière générale, les personnages s'offusquent de ne pas se reconnaître complètement, que toute inflexion ne soit pas conservée et découvrent la frontière entre la vie et l'art.

Si l'idée est originale, j'ai trouvé qu'il y avait un certain déséquilibre : l'insistance sur la scène crapoteuse entre la Belle-Fille et le Père, sans compter tout le préambule les concernant, était vraiment de trop et elle a eu lieu au détriment d'autres scènes, d'autres personnages. Au fond, les dénégations du Fils et le drame final de l'Adolescent auraient mérité d'être un peu clarifiés.

Citations :

  • Ah quel dégoût, alors, quel dégoût de toutes ces complications intellectuelles, de toute cette philosophie qui dévoile la bête et veut ensuite la sauver, l'excuser... Je ne peux pas l'entendre, Monsieur ! Parce que, quand on est contraint de "la simplifier" - la vie -, en rejetant tout l'attirail "humain" des aspirations chastes, des sentiments purs : idéaux, devoirs, la pudeur, la honte, rien ne suscite plus l'indignation et la nausée que certains remords, qui sont des larmes de crocodile !
  • Le drame, pour moi, est là tout entier, Monsieur : dans la conscience que j'ai que chacun de nous - voyez-vous - se croit "un" mais que ce n'est pas vrai : il est "beaucoup", Monsieur, "beaucoup", selon toutes les possibilités d'être qui sont en nous : "un" avec celui-ci, "un" avec celui-là - tout à fait différents ! Et en même temps, avec l'illusion d'être toujours "un, pour tous", et toujours ce "un" que nous croyons être, en chacun de nos actes. Ce n'est pas vrai ! Ce n'est pas vrai ! Nous nous en rendons bien compte quand, à l'un de nos actions, par un hasard très malencontreux, nous restons tout à coup comme accrochés et suspendus : nous nous rendons compte, veux-je dire, que nous ne sommes pas tout entiers dans cette action, et que ce serait donc une atroce injustice que de nous juger d'après elle seule, de nous y tenir accrochés et suspendus, au pilori, pendant toute une existence, comme si cette dernière était accumulée tout entière dans cette action.
  • Mais comment, plus fort ? Ce ne sont vraiment pas des choses qu'on peut dire tout fort. J'ai pu les dire tout fort, moi, pour lui faire honte.
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Commentaires
D
Bonjour DonaSwann, j'admire l'oeuvre de Pirandello, Six personnages en quête d'auteur est une de ses bonnes pièces qu'il faudrait que je relise. C'est agréable de voir une pièce mais de la lire aussi. Bonne après-midi.
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