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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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19 août 2012

Jeanne d'Arc, de Jules Michelet (1853)

Jeanne-darc001J'ai lu ce texte sur un très vieux fascicule de la librairie Hachette, prévu pour les futurs bacheliers de 1935. L'exposé s'y fait en six parties :

I Enfance et vocation de Jeanne.
II Jeanne délivre Orléans et fait sacrer le roi à Reims.
III Jeanne est trahie et livrée.
IV Le procès. Jeanne refuse de se soumettre à l'église.
V La tentation.
VI La mort.

Cette étude est empreinte de romantisme et n'aurait pas détonné sous la plume de Victor Hugo (on se serait juste étonné qu'il soit moins bon...) ; je suis assez désagréablement frappée de ne pas percevoir, sauf en de rares endroits, les sources de Michelet. Selon Fernand Flutre, d'ailleurs, il n'a utilisé que des documents de seconde main et pas les pièces originales, comme par exemple les pièces originales des procès de Jeanne d'Arc ! On se retrouve donc avec une hagiographie, ni chair, ni Poisson assez peu distanciée ! Je suis choquée de lire, çà et là, des phrases comme : "Jeanne priait ardemment ; elle demandait et elle obtenait. Pour être prisonnière, elle n'agissait pas moins ; tant qu'elle était vivante, sa prière perçait les murs et dissipait l'ennemi." Même Hérodote n'aurait pas osé.

Le point de vue de Jeanne d'Arc est le plus souvent celui de l'historien qui ne quitte cette focalisation que pour l'apologie ou le pathétique.

Le parti de Charles VII, pourtant doublement illégitime, si l'on en tient strictement aux documents notariés (Anglais héritiers d'Aliénor d'Aquitaine et intrigues d'Isabeau de Bavière pour déshériter Charles VII au profit d'Henri VI) et non pas à nos sympathies nationalistes, est également celui que Michelet a choisi. Il va jusqu'à écrire quelques pages qu'on jugerait aujourd'hui honteusement xénophobes.

jeanne1Il n'y a guère que sur les versions opposées de la mort de Jeanne d'Arc que l'auteur se montre prudent et neutre, n'excluant pas que la Pucelle ait pu abjurer, dans sa panique et sa jeunesse. Il nous rappelle parfois au bon moment que nous avons affaire à une "bergerette" de dix-huit ans... Il lui donne corps, également, nous apprenons qu'elle est de haute taille ; ce détail répond à la perplexité de bien des historiens des armes devant son aptitude à porter des armes lourdes. Touchant aussi, le refus d'ôter son armure, parmi ses soldats et même - et surtout - dans les prisons : elle est seule garante de sa pureté.

Il fait également, très discrètement, l'hypothèse d'une instrumentalisation dans le parti de Charles VII du mysticisme de Jeanne, mais à la condition qu'elle ne se montre pas trop encombrante, afin de gagner le peuple à la cause du roi, sous couvert de volonté divine. Elle aurait dû rester femme de paille, enseigne muette et si possible pas trop remuante, et n'est pas conviée à la plupart de conseils de guerre ; et pourtant, elle s'y impose parfois, et toujours sur le terrain.

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Commentaires
M
Quelque peu désemparé dans le domaine, votre article m'a semblé véritablement utile.
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