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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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16 janvier 2013

Le Dernier Mitterrand, de Georges-Marc Benamou (1996)

dernier-mitterandVoici la biographie qui a inspiré le film "Le Promeneur du Champ-de-Mars" : Robert Guédiguian l'a d'ailleurs préfacée.

L'élection de François Mitterrand marque la naissance de mon intérêt pour la politique, mais pas pour lui : je me suis contentée pendant très longtemps des épigrammes et des cris d'orfraie que sa politique a engendrés, agacée symétriquement par la mise en place d'un véritable aréopage monarchique autour de sa personne.

Ce récit montre ledit aréopage : une sorte de cour complètement tétanisée autour des (mauvaises) humeurs du roi, ne se risquant à lire Le Monde qu'en cachette puisqu'il avait maille à partir avec ce journal, ne le contredisant qu'à ses risques et périls et essuyant des sortes de scènes ironiques ma foi pénibles... Il faut dire que c'est la fin, et que ce n'est pas un homme âgé et souffrant, dont le médecin dort au pied de son lit, qu'on va soudain s'amuser à contrarier, contredire, voire attaquer.

On voit un homme obsédé et terrifié par l'héritage qu'il laisse à la gauche, soudain très inquiet à l'idée qu'on puisse dire de lui qu'il l'a stérilisée par orgueil, multipliant les signes à l'égard de Jospin, avec la difficulté, venant de ce dernier de ne justement pas trop se prévaloir de Mitterrand : le fameux "droit d'inventaire" a beaucoup blessé Mitterrand.

On le voit aussi très rétif avec son biographe, qui essaie - en vain - de lui faire clarifier ses positions sur l'Algérie, sur Bousquet...

Il s'émeut in extremis sur Chirac, puis sur Balladur en les découvrant émus par son calvaire, se pare comme un amoureux avant d'aller retrouver sa fille, contemple les gisants de Saint-Denis...

Ce livre ouvre des pistes pour qui aimerait savoir quelles tranches de sa vie Mitterrand a le plus aimées, ce qui compte pour lui en définitive. J'ai juste souri de voir que Benamou semblait ou feignait d'ignorer que la fascination de Mitterrand pour les Valois venait sans doute qu'il savait descendre d'eux. Une chose est certaine : la frustration du biographe de voir Mitterrand perdre de vue l'importance qu'il y aurait à clarifier enfin pour la postérité les zones d'ombre et les ambiguïtés qui ont peuplé ses positions idéologiques ; on le sentait prêt à l'épauler pour cela, mais face à lui, le silence, les pirouettes, des mots décousues sous forme d'énigmes dont on n'ose plus réclamer la clé...

Citations :

  • "En fait, je suis le dernier de grands présidents... (...) Enfin, je veux dire le dernier dans la lignée de De Gaulle. Après moi, il n'y en aura plus d'autres en France... A cause de l'Europe... A cause de la mondialisation... A cause de l'évolution nécessaire des institutions... Dans le futur, ce régime pourra toujours d'appeler la Vème République... Mais rien ne sera plus pareil. Le Président deviendra une sorte de super-Premier ministre, il sera fragile. Il sera obligé de cohabiter avec une Assemblée qui aura accumulé bien des rancœurs et des rivalités et qui, à tout moment, pourra se rebeller. Et ce sera la cohabitation permanente, une sorte de retour à la quatrième."
  • Le silence des intellectuels pendant ces grèves ? "La Bosnie, ça ne leur fait pas peur, mais dès qu'il faut s'exprimer sur la France, on ne les entend plus." (...) Le silence de la gauche pendant ces grèves ? "Cette incapacité à trouver le ton est un mauvais signe pour le futur." Est-ce la faute de Jospin ? "Pas seulement..."
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Commentaires
L
Probablement plus intéressé par la conquête du pouvoir que par le pouvoir de gauche lui-même. Comme De Gaulle, d'ailleurs, il n'était ni de gauche ni de droite. Il était le roi et plus inquiet de sa postérité que du présent. Il était surtout conscient, peut-être, du fait que les hommes politiques n'ont en réalité que peu d'emprise sur le réel. On peut, parfois, leur attribuer une ou deux réformes de société. Pour le reste, ils n'interviennent plus guère aujourd'hui. Giscard fit la dépénalisation de l'avortement, Mitterrand supprima la peine de mort, Chirac le service militaire, Sarkozy ? et Hollande l'arrêt des centrales nucléaires. Pour le reste...
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