Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, TARDI (2012)
J'ai eu maintes fois rendez-vous avec les bandes-dessinées de Tardi, mais je prenais mon temps. Voilà qu'à la faveur du Challenge ABC 2016, je me décide à le lire pour ma lettre T.
La "Drôle de guerre" n'est pas un bon souvenir, pour qui aime les récits de bataille glorieux et... nets. Le mérite de cette bande-dessinée est de mettre en évidence, en évitant au mieux la bidasserie dans laquelle Fombeure est tombé à pieds joints, le mélange d'enthousiasme, d'illusions et de dépit désorienté dans lequel se trouvèrent les soldats français qui espéraient continuer et améliorer la victoire de leurs aînés. Manque de coordination à l'Etat-Major, matériel vétuste ou mal conçu (choisir entre avoir une liaison radio et un bonne portée de tir quand antennes et canon se gênent !) apparaissent, entre autres.
Tardi se représente en petit garçon qui suit son père dans ses périgrinations guerrières, qui lui donne la réplique avec ironie, surprise, mais parfois aussi, angoisse. C'est une idée qui n'est pas forcément nouvelle, mais que je n'avais jamais vue en BD, et qui porte.
J'ai bien aimé le dossier photo du début de l'album, dans lequel j'ai cherché avec avidité l'éventuelle présence de mon grand-père, qui fut, lui aussi prisonnier en stalag. Je n'aurais jamais cru que les gens avaient tant souffert là-bas : j'ai eu l'impression que c'était "juste" du travail forcé, un manque de liberté, pas une ambiance déjà concentrationnaire... Les images sont très frappantes, et c'est dense... Une belle découverte.