Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mots et Images
Mots et Images
  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
Newsletter
5 novembre 2016

Faire le ménage chez soi, faire le ménage en soi, de Dominique Loreau (2012)

menagechezsoiLe livre était sur ma pàl depuis à peu près un an et le titre correspond à quelque chose auquel je crois depuis presque toujours. Pourquoi ne pas interrompre ma longue série de romans pour attaquer des ouvrages pratiques, des essais, et autres ? Commençons prosaïquement.

Croyais-je.

Le sous-titre (« Et si faire le ménage était une thérapie ? ») était déjà plus inquiétant, mais je ne m’attendais pas du tout à ce que le livre aille si loin. Passée la première déconvenue, et les premières objections idéologiques, j’ai décidé de le lire jusqu’au bout.

Je m’attendais bien à l’énoncé d’une ascèse à laquelle le parallélisme du titre préparait : notre chez-soi est probablement bien notre soi et « une maison mal entretenue, un intérieur en désordre et qui n’a pas été nettoyé depuis longtemps rend maussade et lourd, diminuant les capacités de l’esprit, absorbant l’énergie (…) ». Je l'avais ressenti souvent moi-même, en faisant le ménage, mais aussi en jardinant, ce genre d’activité qui lutte contre l’entropie, qui fait sortir du chaos, nous ré-ancre dans un espace-temps, et fait vivre dans le présent qui est le seul endroit où je puisse prétendre au bonheur. Mon objection est tout de même que le monachisme induit, la contemplation, sont tout de même l'apanage de personnes qui, pour être présentes à elles-mêmes, sont absentes aux autres pendant ce temps-là. Et si ça dure douze heures par jour...

Ses arguments supplémentaires sont le caractère esthétique du ménage : on rend les lieux beaux, propres, on les parfume, on veillera à utiliser de jolis chiffons, plumeaux, balais et autres outils japonais ad hoc, et non pas des chiffons taillés dans de vieux T-shirt ou caleçons… D’ailleurs, ne conseille-t-elle pas d’arranger esthétiquement les assiettes lavées sur l'évier ou le linge, sur l'étendage, avec des harmonies dans les couleurs, les formes ?... Il est important d’y adhérer si on veut goûter le livre entier.

Le geste du ménage aussi est esthétique : les mouvements, amples ou resserrés, qui dessinent et reforment l’espace, a quelque chose d’une chorégraphie, à laquelle on peut encore apporter des améliorations, en tenant sa main comme ceci, son bras comme cela, tout en visant l’efficacité. Arrêtez de vous pincer. Et d’ailleurs, c’est une activité physique très bonne pour la santé, qui tonifie le corps, et renforce neurologiquement. Suivent des considérations spirituelles, tirées du bouddhisme zen que je vous épargne.

Car enfin l’auteur a vécu au Japon (d’où des conseils qui vous situent dans une économie ménagère nippone, avec des ustensiles appelés de leur nom japonais, fenugui, fukin, que je n’essaierai même pas de trouver) et a fait le ménage dans un temple zen. Les rubriques sont donc largement émaillées de haïkaï et de citations bouddhistes d’un autre monde, intéressants à prendre en compte, mais difficiles à vivre quand on n’y a jamais vraiment songé.

Je précise qu’une Japonaise cesse bien souvent de travailler en se mariant, et quand on voit la somme de travaux quotidiens (comprenant le récurage minutieux de la hotte aspirante) qui attend la ménagère idéale, on la comprend. Pour arriver au bout de cet ouvrage, il a quand même fallu  passer au travers d’affirmations que le ménage était plutôt l’affaire d’une femme que d’une homme, au prorata du temps passé à l’intérieur de la maison (sic), que l’esprit d’un homme avait besoin d’activités valorisantes (les chiottes, ça n'a rien de déshonorant, à condition d'être une femme ou un moine zen) et peinait à imaginer des tâches minutieuses (essuyer les pattes du chat les jours de pluie), qu’on ne pouvait donc prétendre à des miracles de leur part, qu'il était plus désagréable de travailler à l'extérieur que faire le ménage. Bref, des bois touffus de préjugés.

On peut malgré tout conserver quelques idées pratiques tout à fait intéressantes et qui commencent dès aujourd’hui pour moi.

Citations :

  • Qu'il s'agisse des étoiles ou des êtres vivants, tout redevient un jour poussière. C'est ce que le Japon appelle l'éternel retour de toute chose à l'univers. Vivre en appréciant la complexité de tout ce que nous ne comprenons et ne comprendrons sans doute jamais, le vivre simplement et se nourrir de ce qui est authentique exige de nous l'acceptation de trois vérités : 1/ Rien ne dure ; 2/ Rien n'est jamais fini ; 3/ Rien n'est parfait.
  • Afin de vivre dans le présent, nous devons toujours garder à l'esprit l'endroit où nous sommes et le moment que nous vivons.
  • Est-il plus agréable de passer [le temps] à bronzer sur une plage qu'à rester au calme chez soi, à ranger, nettoyer, puis savourer le résultat de son travail ? Est-il plus gratifiant de s'agiter comme un zombie onze mois sur douze - ce qui implique le plus souvent de confier le soin de sa maison à une femme de ménage (puis de se soucier de ce qu'elle fait ou ne fait pas), de chercher une nourrice pour ses enfants, de commander des pizzas ou autres plats tout prêts - plutôt de de s'occuper de sa famille - et d'alterner alors les moments de repos et de tâches domestiques ?
Publicité
Commentaires
D
Je n'ai rien lu de cette dame mais je me souviens avoir feuilleté son Art de la simplicité, qui m'avait laissée quelque peu dubitative…
Répondre
M
Si j'osais je leur achèterais chacun un rat pour leur faire peur....😁😁😁😁
Répondre
M
Je me dis qu'il faut créer le choc !! Puisque l'exemple ne le sert pas !!
Répondre
M
Terrible envie de l'offrir à mes fils... mais j'ai peur qu'ils le prennent mal... CEpendant c'est vrai que j'ai toujours pensé que le lieu où l'on vit reflète qui l'on est vraiment....<br /> <br /> Bizzz
Répondre
Publicité
Archives
Publicité