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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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29 octobre 2021

Noces, d'Albert CAMUS

81Mmpx9rkWLRecueil de pensées, tranches de vie à portée existentialiste, en une langue poétique, sublime.

  • "Noces à Tipasa"

L'été, le da sein. Dans les premières lignes de "Noces à Tipasa", description de ses ruines de bord de mer, et les progressions dans un paysage estival, écrasé de chaleur et de sensualité, sont d'une beauté à couper le souffle. On est bien dans des textes existentialistes. J'y retrouve bien des choses dites dans L'Etranger, souvent si mal compris, faute d'avoir lu Nietzsche.

Très intéressante, l'idée du "pas de côté", cet arrachement du présent, nécessaire à l'envie de dire ce qu'on vit, puis au créateur.

  • "Le Vent à Djemila" (lu le octobre 2023, oublié lors de la première lecture) : Camus visite un lieu où là encore se trouvent des ruines et un vent extrêmement pénible qui bloque les pensées et oblige à être dans la sensation pure d'être. C'est encore une fois dans la sensation que se trouve cette appréhension ontologique.
  • "L'Été à Alger" : On trouve des descriptions pittoresques et propres à faire rêver des joies et des insouciances des jeunes Algériens au bain et en goguette l'été, occupés de distractions et de flirts... Toujours une tentative de définition ontologique qui part de l'expérience de la sensation. Ici, s'y mêle quelque chose de plus sociologique. L'été est également une métaphore de ce fait que l'existence est la plus forte jusqu'à l'âge de trente ans, pour les classes populaires qui se forment, s'épousent et enfantent très tôt, après quoi il n'y a plus temps ni force pour d'autre croissance.
  • "Le Désert" : A l'occasion d'une visite de Florence, des réflexions sur les tableaux des maîtres, leur vie et sur la nature toscane, la vie des Florentins et des touristes. Là encore se mêlent la jouissance et une étrange rétention de la jouissance, bien différente du stoïcisme, où la promesse de l'immortalité ne gît pas dans l'instant... Camus hésite entre sa révolte (née de la foi omniprésente dans la ville en l'immortalité) et le consentement, l'acceptation du monde et la joie que donne ce consentement.

Citation :

  • Vivre, bien sûr, c'est un peu le contraire de s'exprimer. ("Le Désert")
  • À portée de ma main, au jardin Boboli, pendaient d’énormes kakis dorés dont la chair éclatée laissait passer un sirop épais. De cette colline légère à ces fruits juteux, de la fraternité secrète qui m’accordait au monde, à la faim qui me poussait vers la chair orangée au-dessus de ma main, je saisissais le balancement qui mène certains hommes de l’ascèse à la jouissance et du dépouillement à la profusion dans la volupté. J’admirais, j’admire ce lien qui, au monde, unit l’homme, ce double reflet dans lequel mon cœur peut intervenir et dicter son bonheur jusqu’à une limite précise où le monde peut alors l’achever ou le détruire. Florence ! Un des seuls lieux d’Europe où j’ai compris qu’au cœur de ma révolte dormait un consentement. Dans son ciel mêlé de larmes et de soleil, j’apprenais à consentir à la terre et à brûler dans la flamme sombre de ses fêtes. J’éprouvais… mais quel mot ? quelle démesure ? comment consacrer l’accord de l’amour et de la révolte ? La terre ! Dans ce grand temple déserté par les dieux, toutes mes idoles ont des pieds d’argile. ("Le Désert")

 

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