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16 août 2022

L'Invitation au château, de Jean Anouilh (1951)

AnouilhQuand Isabelle, jeune danseuse de l'Opéra, avec laquelle Romainville a ou voudrait avoir une liaison, est invitée par le bel Horace dans son château, elle ne se doute pas qu'elle va être l'instrument d'un stratagème cruel, se substituant au jeu d'un destin qui lui semble aller dans une mauvaise direction pour Frédéric, son frère jumeau, follement épris de Diane Messerschmann. Mais c'est compter sans tous les personnages secondaires, famille impossible à canaliser (comme les parents de Thérèse de La Sauvage, la mère d'Isabelle est une embarrassante calamité), domestiques défaillants ou indiscrets... On retrouve la question de la transfugue de classe des représentations idéalisées de la pauvreté et vantée benoîtement par les pauvres riches.


Autant l'avouer, je suis fan de récits de jumeaux, de double, d'imitation, d'opposition... Ce drame ne pouvait que me séduire et ces jumeaux antithétiques m'intéresser. En réalité, ils n'ont pas une égale importance, Horace mène la danse et, tout en se prenant pour le cerveau, est probablement celui qui a besoin le plus d'aide. Il y a des passages vraiment amusants et j'aimerais le voir joué : la profusion sous-entendue des jeux de scène et la richesse des intonations comiques est perceptible.

Citations :

  • ROMAINVILLE. - Alors, selon vous, la vérité, ce n'est rien ?
    HORACE. - Rien mon cher, sans les apparences.
  • Seulement, il ne faut pas avoir peur des gens méchants, Mademoiselle, ce sont de pauvres diables comme les autres. Les imbéciles seuls sont vraiment redoutables !
  • Voilà cent ans que le coup des jumeaux ne fait plus rire personne et singulièrement plus nos amis... Mais moralement - vous voyez que nous sommes en plein dans la plus mauvaise convention théâtrale - moralement, nous sommes le jour et la nuit : mon frère est bon, sensible, tendre, intelligent et je suis une brute. Mais c'est tout de même moi qui suis aimé.
  • Oui, décidément, nous nous laissons trop faire, ma chère. Le destin nous dispose, nous brasse, nous fait glisser sur une pelure d'orange, ou sans plus de raison nous gratifie d'un billet gagnant à la loterie, d'un ami sincère, d'une femme aimable - entre deux crampes... Et nous sommes là, à recevoir ces pourboires avec des courbettes, en bafouillant éternellement "trop heureux, merci, trop heureux, que votre volonté soit faite !" Nous sommes trop négligents.
  • C'est aussi un défaut des pauvres. A force de n'être chez eux nulle part, ils ont fini par prendre le mauvais genre de s'y croire partout.
  • Je trompe Romuald, c'est entendu, mais j'ai besoin d'avoir pour lui la plus exigeante estime. L'homme que j'aime doit être noble et courageux, mais l'homme que je trompe aussi.
  • Ce qui prouve que les riches n'y ont jamais trop cru au coup de la restitution céleste, c'est qu'ils ne donnent toujours aux pauvres que des pièces de dix sous et des ragoûts de bas morceaux. S'ils étaient certains du système, croyez bien qu'ils leur feraient de solides rentes et qu'ils leur combineraient de petits menus soignés, comme pour eux.
  • Je ne peux pourtant pas aller retrouver cette jeune fille sur son monceau d'or. Tout le monde croirait que c'est du père que je suis amoureux.

 

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