Amours croisées, de Laura Nsafou et Camélia Blandeau (2022)

C'est d'abord, semble-t-il, à un jeu d'amour et de hasard que nous convient les autrices... Rencontre romantique très perturbante, puis le hasard décide sans cesse de remettre les amoureux qui se font du bien, se heurtent, se blessent... La passion, finalement.

Pourtant Hide, qui avait déjà souffert de ne pas avoir abattu les cartes d'entrée de jeu jadis, avait bien prévenu Yari qu'il était polyamoureux, que c'étaient de vraies relations et non pas une accumulation de sexfriends. Or les deux conjointes d'Hide ont un détachement relatif qui ne correspond pas à Yari, très éprise et de plus en plus triste...

La bande-dessinée est précieuse : colorée, parfumée, avec un papier plantureux. Camélia Blandeau aime ses deux amoureux et les met en valeur jusque dans leurs silences, les poses et les regards vous font complètement revivre vos passions les plus grandes. Le scénario replonge également dans leurs affres. Le dénouement réjouit les étourdis mais cinq minutes après la fermeture du livre, soudain, la stupeur nous prend... Ah, mais, en fait ?... Quoi ?...

Les personnages font courageusement face à ce qui les influence : la pression familiale, sociale, éthnique, le temps qui passe, leurs propres sentiments... Il y a quelque chose d'incitatif, de pratiquement didactique dans la façon dont ils se résolvent, régulièrement à se parler sincèrement, essaient de faire face à leurs aspects les moins avouables et les avouer, pourtant. En cela, ils deviennent des modèles, faute d'être parfaits.

Est-ce qu'il s'agit d'une apologie du poly-amour ? Je pense que non. Il le montre tel qu'il est : l'ultime degré d'évolution, le défi de l'amour oblatif, une théorie séduisante qui paraît impraticable, au sens propre, aux moyen et long termes. D'ailleurs, où habite Hide ? Ça n'est pas clair du tout.