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14 mars 2024

L'Assignation - Les Noirs n'existent pas, de Tania de Montaigne (2018)

L'Assignation porte sur des questions qui m'interrogent depuis plusieurs années. Avec Je suis noir et je n'aime pas le manioc, Gaston Kelman m'avait déjà fait prendre conscience de la désobligeance d'origine raciste de certaines curiosités de bonne foi comme de demander à quelqu'un quelle est son origine du fait qu'il appartienne aux "minorités visibles"... Je dis cela mais en réalité, je ne m'y suis jamais risquée personnellement. C'est assigner quelqu'un, parfois, souvent à tort, à un statut d'étranger du fait de sa couleur de peau, c'est presque aussi intrusif et d'un sang-gêne de mauvais aloi, que de demander à toucher les cheveux crépus d'une personne "d'origine". L'expression "afro-américain", "afro-européen", eurafricain", etc. n'est-elle pas aussi (alors là, j'en tombe à la renverse) une autre manière de vous sortir de France ? Alors que "noir, noire" sans le N, peut bien être chez lui, chez elle, ici !

L'autrice aborde aussi d'autres questions, certaines auxquelles j'avais déjà réfléchi, d'autres pas, très intéressantes (l'assignation à certaines valeurs du fait d'être noire, les stéréotypes racistes, le soi-disant humour racialisé/raciste...) et que je ne vais pas déflorer ici. J'aimerais juste souligner la contribution de cette œuvre à une question qui me laissait perplexe.

Je me méfie du rejet a priori de nouvelles sensibilités dès qu'on est d'âge mûr, blet, passé et dépassé, comprenant bien que les choses vont parfois plus vite que notre capacité à voir dans les nouveaux angles et de changer nos outils de mesure. Alors quand une jeune fille m'a accusée, dans une discussion de groupe, de faire de l'appropriation culturelle parce que j'aimais désodoriser ("purifier" diraient les Amérindien) ma maison à la sauge blanche, alors qu'il y avait bien assez de sauge officinale en France (en plus de contribuer au réchauffement climatique), ou de lavande, j'ai fait profil bas immédiatement, passablement intimidée par son dédain et craignant d'avoir perdu le fil de l'évolution, pensant qu'elle avait sûrement raison, quelque part. C'est sur le mot "appropriation" que j'ai tiqué.

Et quand il m'est arrivé de répliquer, sur un autre réseau social à la fameuse polémique évoquée par Tania de Montaigne, de Katy Perry accusée de s'être approprié les tresses africaines et s'en excusant bien bas publiquement, que j'autorisais tout le monde à s'approprier les braies gauloises et les bérets, à massacrer nos plats régionaux dans les différents restaurants du monde entier mais on m'a expliqué avec hargne que je n'y comprenais rien. En fait, si, j'avais compris : la nuance était qu'en ressortissante d'un pays colonialiste, "ma" cuisine, le pantalon et les bérets ont été largement imposés (?!), tandis qu'aller prendre leurs tresses africaines aux pays "pauvres" procédait justement du colonialisme. Je n'insistais donc jamais mais j'ai été bien contente d'apprendre que ce terme d'"appropriation culturelle" était lui-même galvaudé et détourné de sa cause, dont la légitimité était évidente : les appropriations au sens propre des objets culturels des pays colonisés, exploités, comme les sarcophages égyptiens, etc.

Je suis donc très contente d'en savoir plus sur le sujet de la part de quelqu'un qui ne fait par ailleurs - et j'en suis heureuse - aucune concession d'aucune sorte au racisme et au colonialisme.

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