Trois Couleurs : Rouge, de Krzysztof KIESLOWSKI (1994)
Trilogie sur la devise française : Liberté, Egalité, Fraternité.
Autres couleurs : "Bleu", "Blanc".
L'HISTOIRE
Valentine, une jeune modèle (Irène Jacob) suisse percute une chienne berger allemand et parvient à retrouver son propriétaire, un juge à la retraite (Jean-Louis Trintignant), cynique, mais curieux et, découvrira-t-elle voyeur, entendeur : il a monté tout un réseau d'espionnage de son voisinage... Ces deux personnages que tout oppose, réunis par le hasard, vont dialoguer et se rapprocher sans vraiment se comprendre. Tous deux ont des zones d'ombre et d'absence dans leur vie.
MON AVIS
Je n'ai pas vraiment accroché à l'histoire ni à la psychologie des personnages. Je crois avoir compris que ce qui était en question était justement le regard sur les autres, pas jugeant mais pénétrant, né de la frustration de ne pouvoir être conscient aussi de l'Autre, de l'intérieur.
Nous le devenons pourtant, notamment à la fin, quand nous retrouvons tous les autres personnages de la trilogie, Julie, Karol, Dominique, Olivier... Le lien se crée et cette conscience d'appartenir à une communauté nous sort de nous-mêmes. C'est d'ailleurs le seul film ("Fraternité") où la vieille dame asexuée qui tente de mettre une bouteille dans le conteneur est aidée par l'héroïne.
En revanche, j'ai aimé sans réserve les images, les poses et les reflets, même si en fait de rouge, on est plutôt dans les teintes "vieux rose" et "orangé" (l'image ci-contre est un contre-exemple), avec le même parti pris de répétition jusqu'au maniérisme, la saturation de petits rappels : bout de papier, lumière, couleur de la voiture, etc. Irène Jacob est d'une beauté enfantine, attendrissante, pure, qui va avec les affirmations d'une naïve et estimable bonté de Valentine. On devine la colère, la passion poliment réprimées, sans sur-jeu. Quel dommage que cette actrice ait été sous-employée toutes ces années. J.-L. Trintignant colle également à son personnage auquel il parvient à donner cette impression de passion et d'émotion pétrifiées d'un naturel sidérant.