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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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16 août 2010

Melissa P., de Luca Guadagnino (2006)

melissaPL'HISTOIRE


Melissa est une collégienne romantique, flanquée d'une adorable meilleure amie boulotte, d'une douce et jolie maman, d'une magnifique et flamboyante grand-mère (Géraldine Chaplin, à tomber à genoux), mais, hélas, privée de la présence quotidienne de son père, qui travaille sur une plate-forme pétrolière.
Melissa est amoureuse d'un de ses beaux camarades, Daniele, qui l'invite à une fête au bord de sa piscine, et quand il l'entraîne vers un bosquet pour, croit-elle, son premier baiser, elle se retrouve quasiment contrainte à une fellation : "La prochaine fois qu'on se revoit, peut-être que je t'embrasserai", lui dit-il en se rembrayant et en décampant, la laissant à genoux dans l'herbe, complètement désorientée.
A la grande surprise de son amie Manuella, qui estime à juste titre qu'elle a été abusée, Melissa continue à rêver à Daniele et quand ce dernier, se rappelant un jour d'elle, lui propose de nouvelles expériences "libertines", elle s'y rend et une descente aux enfers commence, à l'insu de sa famille (seule la grand-mère se doute de quelque chose), mais hélas pas de ses autres camarades de classe. Très vite, Melissa est la "troia" (cochonne), la "puttana", celle dont on écrit le prénom sur des graffiti obscènes.

MON AVIS


C'est un film que j'ai vu en trois fois, et que j'ai failli ne pas voir en entier tant certaines séquences m'ont révulsée. Guadagnino prend le parti de ne pas aller jusqu'au porno soft, mais de nous laisser craindre jusqu'au bout que la séquence n'entre dans les détails. Moyennant quoi, le spectateur (celui qui a compris que Melissa n'était pas une libertine mais une victime), loin d'être excité par les situations pourtant filmées dans un bruit de fond de souffles voluptueux, de soupirs, avec des photos embellissant les peaux, les bouches, les regards (les abuseurs de Melissa sont de beaux garçons à la peau lisse et aux abdominaux saillants), ressent du dégoût.
Le réalisateur explore quelque chose de très difficile à comprendre (il n'y a qu'à voir les commentaires bourrés de contresens, à mon sens, sur internet), mais de connu : une victime peut aller dans le sens de son bourreau, pour ne pas être complètement détruite, dans l'espoir de reprendre la main et l'avantage sur lui.
J'ai entendu parler d'une très jeune actrice porno, ayant embrassé cette carrière à 16 ans juste après un viol, avec le consentement de sa mère qui avait compris qu'il s'agissait d'une thérapie pour sa fille.
Melissa fait pratiquement la même démarche. Victime des désirs, du sadisme, elle sent que les désirs posés sur elle lui donnent également un pouvoir, qu'elle peut allumer, manipuler, et qu'il suffit qu'elle fasse sauter les barrières de l'inhibition pour cela. On ne la "saute" plus parce qu'elle ne peut pas faire autrement ou qu'elle ne l'a pas prévu, mais parce qu'elle l'a voulu, et ça fait alors toute la différence à ses yeux. Il n'y a qu'à voir que les expériences qu'elle fait sont plus ou moins toutes liées au sado-masochisme et n'ont rien à voir avec le libertinage solaire qu'elle revendique (certains spectateurs semblent vraiment s'être laissés abuser par ses allégations), qui la protège psychologiquement de la sensation de souillure (d'autres spectateurs, confondant là encore l'acte et la personne, la considèrent comme une "puttana sedicenne" sous prétexte qu'elle a parfois des orgasmes : XIXème siècle, tu n'es pas loin !).
melissaP2La jeune actrice (Maria Valverde) est d'une beauté fraîche, un physique alliant pureté et sensualité, on ne pouvait pas mieux choisir pour expliquer dans quel sens irait sa réponse à l'attentat à l'innocence amoureuse qu'elle a subi. Mais, sans vouloir spoiler, je dirais qu'elle avait tout pour être soignée par l'amour dans lequel, fort heureusement pour elle, elle baigne depuis toujours
Le scénario est tiré de l'histoire de Melissa Panarello, une écrivaine sicilienne de 25 ans et de son récit autobiographique Cent coups de brosse avant d'aller dormir. La grand-mère de Melissa lui disait que, lorsqu'elle se sentait manipulée par son amant, quand elle était jeune, aplatir ses boucles à coups de brosse lui donnait l'impression de redevenir elle-même. Melissa Panarello s'estime trahie par le film où il manque, dit-elle, des séquences très importantes du livre. Peut-être y a-t-il dans son désaveu un peu le même principe que celui de Virginie Despentes (King-Kong Théorie) qui elle-même nie qu'il y ait un lien entre le viol qu'elle a subi et sa carrière dans la pornographie et la prostitution ? Elles seules ont la réponse.

Bande-annonce.

Vu en VOST italienne et en vidéo à la demande.

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