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27 septembre 2011

Le Moine, de Matthew Gregory LEWIS (1796)

moineAmbrosio est un moine âgé d'une trentaine d'années dont le renom en tant que prêcheur et confesseur fait son chemin. Il s'en enorgueillit, sans avoir conscience de cette brèche dans un état de sainteté, qui se révèlera ensuite fort fragile. On sait bien que ces êtres parfaits sont une provocation vivante pour le Malin qui n'aura de cesse de les provoquer à son tour... C'est ce qui attend cet orphelin déposé devant son monastère trente ans auparavant, et qui ignore tout de sa famille.

On suit parallèlement les aventures de deux amis, Lorenzo de Médina et Christoval de Las Cisternas, dont les amours croisées vont nous tenir en haleine (contrairement au film où ce ne sera qu'une péripétie secondaire) : Christoval aime Agnès de Médina enfermée contre ses désirs dans le couvent de Sainte-Claire, et Lorenzo est amoureux de la cousine par mésalliance de Christoval, une Las Cisternas déshéritée par son intraitable grand-père. Malheureusement, la jeune fille plaît également au moine Ambrosio qui trouvera les meilleures raisons du monde de se laisser induire en tentation...


Voilà un magnifique roman fantastique et gothique à souhait, professant paradoxalement son désaveu de la superstition et très anticlérical. Le film ne s'inspire que d'une manière stylisée, épurée, de l'idée de Lewis ; j'ai commencé par le regretter, tant le film m'a plu, mais j'ai fini par me laisser prendre au rythme endiablé du roman, à faire mon deuil du moine bien plus séduisant imaginé par Dominik Moll et interprété par Vincent Cassel et à observer la déchéance moins tragique et plus satirique de celui de Lewis, qui insiste parfois lourdement sur le désastre de faire prononcer des vœux aussi exigeants à des individus qui n'en ont pas la carrure.

J'ai été un peu déçue par la conclusion du roman, dont la symétrie réparatrice était vraiment trop artificielle et mal amenée. Mais l'ensemble mérite vraiment le détour.

Quand on regarde à quelle date a été écrit ce roman, on s'étonne moins des relents de fin de monde, de tournant d'époque qui se flairent dans ces pages : l'aristocratie décadente, moribonde de ses préjugés et de la superstition, le clergé gangrené par l'hypocrisie et le formalisme matériel, le soulèvement populaire qui fustige aveuglément les uns et les autres... J'insiste, c'est un vrai classique, qui mériterait une plus grande notoriété.

Citation :

  • Il m'est permis à présent de faire un récit dont les détails glaceront d'horreur toute âme honnête : c'est mon devoir de déchirer le voile de l'hypocrisie, et de montrer aux parents abusés le danger auquel est exposée la femme qui tombe sous l'empire d'un tyran domestique.
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