Galaxies intérieures, d'Anise KOLTZ (2013)
Je ne connaissais pas cette poétesse luxembourgeoise bilingue et de culture allemande et je la croyais plus jeune. Sa poésie est fraîche, musicale, pleine d'une profondeur parfois naïve, mais avec les heureuses images que j'attends d'une poésie exigeante.
Les poèmes mettent en rapport la perception intérieure et extérieure du monde, assortie d'une recherche existentielle. La métaphore filée de la révolution des astres et de la création accidentelle des corps célestes coexiste avec quelque chose de plus spirituel, la croyance en un éternel retour ou en la transmission au fil des siècles de ce qui nous a précédés. Le cycle de la naissance et de la mort est largement représenté et, bien entendu, la question de la langue, de la parole, heureusement moins ostensiblement que chez Bonnefoy, par exemple, est la thématique poétique contemporaine incontournable ; ici elle ne se prend pas pour objet pur mais s'observe dans ses modalités, s'affirme comme un moyen.
Il y a quelque chose des aphorismes ou des haïkus dans la forme. Cela laisse tout loisir à une lecture lente et morcelée, donc le danger est paradoxalement d'oublier les étoiles entrevues, faute d'une vision assez vaste du recueil.
Citations :
- Regardant au fond
des étangs
nous sentons
toute leur profondeur
peser sur nous
- A chaque naissance
je récupère les langes
de ma chemise de mort
- Mes pensées se décomposent
dans un espace fictif
Ma parole givre
dans ma bouche
Une autre s'échappe
sans adresse
Lorsque les mots
cachent leurs visages
La nuit parfois
sort du temps
me révélant ses hiéroglyphes