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30 octobre 2022

relectures du mois d'octobre 2022

9782047339343Les égarements de la convoitise sont cruels : Joachim Du Bellay a cru que la promotion que lui accordait son cousin Jean du Bellay, ambassadeur, à un poste d'intendant et de secrétaire à Rome, ouvrirait les portes de la richesse et de hautes positions au poète qu'il était. Il se découvre bien déçu par les antiquités comme par les modernités de Rome, complètement décalé parmi les aspirations matérialistes et l'hypocrisie des jeux mondains et littéralement incapable de les imiter autrement que de manière satirique dans ses poèmes. Il interpelle ses amis de la Pléiade, Ronsard, De Baïf, Belleau... et même Marguerite de France, tour à tour mutin, dolent ou flatteur.

J'avais bien lu, pour les besoins du programme d'Agrégation il y a trente ans, les 191 poèmes des Regrets (et même Les Antiquités de Rome dont, malgré son titre alléchant, j'avais tiré moins de plaisir que l'oeuvre précédemment nommée).

La relecture est moindre, ici, quoi qu'en disent les élèves épouvantés, puisqu'il n'y a qu'une petite vingtaine de sonnets sélectionnés par Bordas parmi, pour moi, les plus sympathiques, et même des poèmes de Ronsard et du quasi-ignoré, dans l'enseignement secondaire, De Baïf.

Ils sont classés thématiquement (expression du malheur et du désir de vivre, le projet poétique, la critique, la satire et l'éloge) et leur choix est plutôt heureux. J'ai beaucoup aimé l'expression des idées, les images antiques parfois bucoliques, les jeux d'opposition dans un réseau métrique extrêmement serré, carré qui ravirait nos slameurs.

La lecture de l'apparat-critique du livre me donne à penser quelques choses : la transition de l'ancien étudiant en droit était déjà finie et il a cru qu'il pouvait étouffer le poète (élégiaque, en plus) facilement et s'est trompé ; il avait commencé à perdre l'audition avant de partir à Rome, j'imagine que sa sensation de décalage et d'isolement vient aussi de ce handicap et qu'il a dû compenser en observant et le sous-titre a dû être révélateur des pauvretés d'une vie mondaine ; il est mort d'une apoplexie deux ans après son retour en France et deux ans de vie mondaine toujours aussi infructueuse... je ne peux m'empêcher de penser que ces déceptions l'ont rongé, ce pauvre et sensible poète de trente-huit ans...

Citations :

  • Maintenant je pardonne à ce plaisant labeur (l'écriture poétique)
    Puisque seul il endort le souci qui m'outrage (sonnet 13)
  • Ton Du Bellay n'est plus. C'est n'est plus qu'une souche
    Qui dessus un ruisseau d'un dos courbé se couche. (sonnet 21)
  • Si je monte au Palais, je n'y trouve qu'orgueil (sonnet 80)
  • Sans barbe et s'en argent on s'en retourne en France (sonnet 86)
  • Doncques si tu es sage, embrasse la feintise
    L'ignorance, l'envie, avec la convoitise :
    Par ces arts jusqu'au ciel on monte bien souvent (sonnet 145)
  • Contemplons donc cette grand' voûte ronde
    Puisque nous sommes faits à l'exemple du monde. (sonnet 155)

 

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