La Bonne épouse, de Martin Provost (2020)

Rupture de jeûne pour un de mes loisirs les plus appréciés, avec ce film !

Paulette Van Der Beck "mène d'une main de fer", comme on se plaît à dire, l'école d'arts ménagers à l'aube de 1968. On y trouve pêle-mêle différentes filles dans le rang patriarcal, ou à y ranger, destinées à être les prestataires de service de leurs futurs époux, exaltante perspective. La Directrice et ses collègues, son mari notamment, y croient cependant dur comme fer.

Mais après le décès du mari, la découverte post-mortem que son seigneur et maître fut un bien piètre gestionnaire, un bien piètre homme également, qui ne la valait pas, les retrouvailles avec un ancien amour de jeunesse tragiquement perdu de vue pendant la guerre, les certitudes de Paulette s'effritent et elle ne supporte plus ce qu'elle enseigne et ce qu'elle cautionne.

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Je n'ai pas vraiment vu venir le propos de Martin Provost, noyé dans la satire de la bêtise patriarcale bêlante qui fut le lot de l'éducation des jeunes femmes, la doxa mal vécue, pas vécue, mais la doxa. Et soudain mai 68 et sa joie de déboulonner la bêtise, l'asservissement moral nous tombe dessus, tombe sur l'héroïne, en pleine révolution personnelle. Cela fait un bien fou, nous serions stupides de revenir en arrière ! C'est bien la leçon du film, je crois. Je recommande la marche dansée vers Paris !

Les enseignements des arts ménagers en eux-mêmes ne sont pas en cause à mes yeux, j'ai même écouté avec un grand intérêt les extraits des cours dispensés, mais ne devraient pas être réservés aux filles.

Anecdote personnelle : mon prof de chimie de Seconde déclara dans un silence indéchiffrable de la classe : "Donc attention à l'acide chlorhydrique et je m'adresse particulièrement aux filles, nos futures ménagères : l'esprit de sel, c'est de l'acide chlorhydrique, donc gare aux risques d'émanations toxiques, par exemple employé conjointement avec la javel."

Bande-annonce.