Parle-moi... j'ai des choses à te dire, de Jacques Salomé (1982)

Grâce à ma bibliothèque sur l'agoradeslivres, je sais que j'ai commencé ce livre en 2016. Je l'ai perdu, retrouvé, perdu, retrouvé...

Quand le désir, la déception, la frustration... sont exprimés ou au contraire tus, le processus d'éloignement des deux membres de ce couple s'enclenche.

Le livre est bâti sur la chronologie de ce couple, sa rencontre, les malentendus initiaux ; ce qu'apporte et enlève la vie quotidienne (ô ce passage convenu mais tellement vrai sur l'alternative couple qui parle / couple qui mange au restaurant !). Il se poursuit avec l'aliénation de la communication et j'ai été particulièrement été intéressée par l'usage de la négation très répandu dans les phrases.

Puis une sorte d'étonnement m'a saisie, à la vue de tous les stratagèmes, les jeux de domination mis en place dans un couple, par le biais du langage, du silence... Quelle horreur. Autant S'aimer et se le dire du même auteur donne envie d'être en couple ou d'y rester, autant cet ouvrage fait bénir le célibat comme le seul mode de vie salubre, harmonieux et dénué de perversion. Le recensement et les exemples de toutes les stratégies mises en place pour contrôler son conjoint donnent le vertige.

Dans ce style toujours très aéré, peut-être trop, d'anecdotes et d'images, de citations révélatrices d'hommes et de femmes sondant leur vie et leurs attentes, Jacques Salomé nous laisse nous positionner dans la question du rôle que tient le langage dans un couple. Heureusement, vers la fin, quand je commençais à m'agacer et désespérer, il propose des pistes pour sortir de la perversion.

Citations :

• Dans la vie relationnelle d'un couple, ce qui frappe l'observateur extérieur c'est que tout paraît disproportionné, les ressentis sont en effet fondés sur les intentions attribuées à l'autre plus que sur les faits eux-mêmes.
• "Je sais qu'il lit le journal au petit-déjeuner, parce que ce que j'aurais à dire ne l'intéresse pas. Et puis il va être sollicité toute la journée à son travail, c'est bien qu'il se sente libre de s'évader dans sa lecture, même si nous n'avons que ce moment à nous deux aujourd'hui. Si je lui demande de poser ce journal, il faudra que je trouve des choses plus intéressantes à raconter... Alors, pour le mettre à l'aise, je vais prendre un journal aussi (ou regarder la télévision, etc.)"
• "Il fallait parler et nous nous sommes tus. Nous nous sommes tués avec le silence de nos réticences, de nos peurs, de nos ressentiments."
• De quoi est fait notre lien ? De l'attachement qui me lie - me retient ou me sépare de toi.
• "J'ai fait la preuve qu'il ne pouvait m'aimer jusqu'au bout et j'ai perdu l'équilibre ("Je ne peux être aimé") quand mon balancier ("Je ferai la preuve que tu es aimée") s'est éloigné, brisé, découragé, amoindri."

Comments

[DoMi]

De la cuisine indienne, non. De lui, en revanche...

[DoMi]

Je raffole de la cuisine indienne. Une année, pour mon anniversaire, le père de ma fille m'avait emmenée déjeuner dans un resto indien. Il a commencé par regarder/commenter le prix des menus proposés et ensuite a lu le journal pendant le repas. Je ne sais plus quel âge j'avais ce jour-là, mais la sensation de sol qui se dérobe sous les pieds, je l'ai encore bien des années après.

Oui, mieux seule que mal accompagnée !