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11 août 2022

Lily la Tigresse, d'Alona Kimhi (2006)

unnamedDès les premières pages, j'ai été charmée par le plongeon au sens propre et figuré dans la volupté d'un bain érotique en compagnie de l'héroïne, une assistante hygiéniste obèse aux goûts de luxe mais ai laissé de côté le livre quelques temps. La reprise a été dévorante, au détriment de mon travail, entre les situations voluptueuses, décalées, horribles, et l'humour des propos, rien n'a pu arrêter la progression de ma lecture. Lily, quittée par son fiancé car il n'est peut-être pas à la hauteur de ses appétits, vit des limitations dont la sort l'amitié inconditionnelle avec Ninouch et Mikhaëla, une chauffeuse de taxi, rencontrée fortuitement. Le destin de Ninouch, la place qu'elle tient dans le roman, sont écrasants.

Intrument du destin, Mikhaëla l'encouragera à revoir son premier amant, Taro, qui, une deuxième fois, fera basculer son destin en lui donnant (un peu malgré elle) un bébé tigre et un deuxième bouleversement physique et intellectuel... Soudain, la deuxième partie du roman commence, émaillé par de petits billets tirés de la lecture du National Geographic que fait Ninouch des moeurs des tigres et notamment des tigresses ; alors, le tragique se met en place : on comprend qu'il n'y a aucune chance pour que la cohabitation dans un petit appartement de Tel-Aviv d'un tigre nourri au Whiskas et d'une humaine se termine bien. Mais l'autrice nous réserve encore une surprise ! Je ne gâcherai pas votre plaisir en en disant plus.

Si vous n'êtes pas farouche, cette lecture vous enchantera, sinon passez votre chemin, la nausée l'emporterait sur le ravissement et ce serait dommage.

Citations :

  • Dire que même la masturbation ne m'a pas apporté l'apaisement escompté ! Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que ce mot sert de métaphore à tout acte stérile et improductif, malgré son côté apparemment indépendant qui te permet de danser ta vie sans avoir d'homme accroché à ton revers.
  • Aussi froide et retenue soit-elle quand elle déambule dans les rues de notre ville poussiéreuse, les intéressés savent tout de suite qu'il s'agit d'une créature faible et exploitable à souhait. Un être blessé, qui, à l'intérieur, n'est qu'une plaie béante. Et ils sentent cette odeur de sang invisible, ils la sentent comme si on leur avait mis sous le nez, dans un restaurant de luxe, un bon steak saignant de viande vieillie à point. Oui, dans le cas de Ninouch, cette reconnaissance mutuelle entre bourreau et victime serait un formidable exemple à donner en cours d'anatomie mentale.
  • "(...) La chose qui nous unit le plus fortement, ta mère et moi, c'est l'amitié, le sentiment que nous sommes très proches l'un de l'autre, l'entière confiance que nous avons l'un en l'autre. Crois-tu que nous aurions pu passer de si belles années ensemble, t'élever, mener notre vie d'artistes, ni nous nous étions laissé déstabiliser par des aventures, ou si nous leur avions donné la moindre importance ?"
  • C'est la deuxième fois de la soirée que surgit les souvenir de notre horrible rupture - (...) oui, cet Amikam-là refusa de me prendre pour épouse parce qu'il avait soudain ressenti ma corpulence comme une menace qui ne pouvait qu'être le symptôme de quelque maladie ou perversion fondamentales en moi, l'expression de besoins et de désirs qu'il ne pouvait pas contrôler.
  • " (...) Vous savez pourquoi les gens deviennent junkies ? Personne ne se dit au début qu'il a envie de devenir junky, non, c'est parce qu'on essaye de retrouver la première sensation. C'est pour ça. Sentir encore une fois ce qu'on a senti au premier trip. Mais de première fois, il n'y en a qu'une. (...)"
  • "Il dit qu'il hait la laideur. A son avis, il faudrait des voies spéciales pour les moches, comme pour les vélos. Et aussi, il pense que les moches devraient recevoir une allocation handicap et qu'on devrait leur permettre de ne sortir que la nuit. Ou alors les parquer dans des réserves en plein Néguev, ou dans la Bekaa."
    Mikhaëla éclate de rire tandis que Ninouch est choquée.
    "Et tu trouves ça drôle ? Pourquoi tu ne regardes pas des films sur la Shoah, ça te ferait mourir de rire."
  • Le manque de relations physiques avec un homme peut pousser une femme aux actes les plus étranges, sinon, je ne vois pas comment je pourrais trouver une explication à ce que tout à coup, à la fin de ma journée de travail, au lieu de rentrer chez moi, me voilà assise sur la table du docteur Rickliss à lui déclarer, "je dois souligner, Israël, que tu as gagné le gros lot avec tes implants capillaires. Ça te donne facilement dix ans de moins".
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