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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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10 août 2023

Guerre aux hommes suivi de Quelques vilains types d'hommes, d'Olympe Audouard

9782330178529Le titre n'avait rien pour me plaire (je me méfie de ces provocations qui éloignent du propos parfois plus modéré qu'elles enveloppent, sachant qu'elles permettront aux adversaires d'avoir la part belle en se victimisant) mais quelques lignes m'ont permis de comprendre d'où il partait. Olympe Audouard (journaliste, éditrice et autrice à Marseille, à la fin XIXème siècle) s'amuse à imiter les interminables "vitupérations des femmes", un genre littéraire à la mode depuis le Moyen-Âge jusqu'au XIXème siècle dans la clergie masculine (cf. l'ouvrage d'Éliane VIENNOT que j'ai récemment blogué). Tous les arguments y passaient, de la théologie à la physiologie, en passant par la morale, puis par des typologies à charge des femmes ; Audouard fait passer les hommes par le même tamis, sans essayer d'être modérée mais aussi caricaturale et parfois malhonnête que ses prédécesseurs. L'idée, c'est qu'il n'y a pas de raison de faire oeuvre raisonnable quand face à soi tous les coups sont permis.

Il faut dire aussi qu'elle n'avait pas été épargnée, attaquée ad feminam et tout talent dénié, voire activités refusées à partir du moment où elle était une femme, à partir du moment où elle s'est mariée, où elle a divorcé, où elle a prétendu sortir de tout ce qui était censément son lot de femme. Barbey d'Aurevilly s'était montré particulièrement odieux et avait concentré sur elle tous les poncifs des vitupérations de femmes à travers les siècles.

La notice précise qu'elle paiera très cher son pastiche, par un boycott absolu, alors qu'autrice et journaliste reconnue, elle aurait pu passer à la postérité.

Outre quelques planches intéressantes (l'ouvrage est destiné à des Lycéens), Clara Lodewick, dessinatrice et déjà autrice d'une bande-dessinée féministe, Mérel, réinterprète agréablement quelques-uns des différents types d'hommes dans une planche liminaire.

Citations :

  • Messieurs, c'est bel et bien la guerre que je vous déclare.
    J'attaque plus fort que moi, j'attaque le sexe fort, tandis que je fais partie du sexe faible ; je dois donc avoir pour moi les gens de cœur toujours prêts à secourir le faible contre le fort.
    Vous autres, messieurs, vous attaquez bien souvent les femmes dans vos clubs, dans vos cercles, dans vos réunions ; médire d'elles, les calomnier est un de vos plaisirs favoris.
    Vous les attaquez, les insultez même, dans vos écrits, dans vos journaux, oubliant complétement qu'insulter qui ne peut vous répondre par un bon coup d'épée s'appelle, dans la langue française, d'un fort vilain mot !
    Vous faites bon marché de nos défauts, de nos travers, de nos vices, de notre réputation.
    De nos vices, de nos défauts, de nos travers, vous vous raillez impitoyablement.
    Notre réputation ! Pour satisfaire à une petite vengeance, pour faire un mot spirituel, par désœuvrement même, vous la ternissez, sans songer que la bonne renommée est à la femme ce qu'est le parfum à la fleur.
  • Un homme est amoureux d'une femme, il lui fait la cour. Pour arriver à se faire aimer, il emploie tous les moyens : il devient un diplomate excellent, il déploie toutes les ressources de son esprit, toutes les grâces séductrices que Dieu lui a données. Quand il est parvenu à se faire aimer, il persuade la femme que l'amour sanctifie tout, même l'adultère. Il plaide avec art, avec passion, il feint le désespoir, il parle de se brûler la cervelle, de s'expatrier si celle qu'il aime ne lui prouve pas son amour. Eh bien ! S'il parvient à rendre la femme coupable, lui-même, un jour, dira d'elle : "Ah ! Ce n'est pas une femme vertueuse !" Si elle résiste, il y a gros à parier qu'il deviendra son implacable ennemi ou que, pour masquer sa défaire, il se targuera d'une bonne fortune qu'il n'a pas eue. Avouez que c'est mettre les femmes dans une triste alternative !
  • La liberté que je réclame est une liberté plus sérieuse, plus digne d'un être raisonnable, intelligent, d'un être égal à l'homme. C'est d'être traitée par les lois, par le monde, comme un être intelligent et non comme un enfant. Car, en France, la femme est toujours en tutelle : l'homme est son tuteur de droit. En vrai tuteur de comédie, il use, le plus souvent, de sa position pour dépouiller, pour opprimer sa pupille. Je réclame pour elle l'égalité devant la loi: son émancipation est dans les choses sérieuses.
  • [Le bon égoïste] est trop bon, dit-il hautement, pour pouvoir supporter la vue de la souffrance et du malheur ! Il recherche les gens gais, heureux. Il aime à se persuader qu'il n'y a de par le monde que des gens ayant, comme lui, cent mille francs de rentes et jouissant du bonheur le plus parfait. Cette idée sourit à son égoïsme ! N'allez pas lui dire : « Untel meurt de faim ! » Il vous répondrait d'un air de mauvaise humeur et d'incrédulité : « Allons donc, est-ce qu'on meurt de faim autre part que dans les romans ? » Si de sa fenêtre il aperçoit un pauvre galetas où règne la misère, il fait murer cette fenêtre pour ne pas être attristé par cette vue. Si dans la rue il aperçoit un pauvre mendiant les traits bleuis par le froid et tiraillés par la faim, bien vite il détourne la tête de peur que ce triste spectacle ne l'impressionne désagréablement. Volontiers il dirait qu'un gouvernement sage devrait supprimer les pauvres, les estropiés, les malheureux qui ne sont bons qu'à troubler le bonheur des gens heureux, riches et bien portants.
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