Planter un arbre et créer une forêt (Je passe à l'acte), d'Ernst ZÜRCHER et Caroline ATTIA (2021)
Le titre et la couverture de cet opuscule dans la collection "Je passe à l'acte" d'Actes Sud m'ont immédiatement attirée. Après avoir hésité longtemps avec d'autres titres ("Méditer puis agir" pas encore assez assidue, "Redonner du pouvoir à son argent" mais ce n'est pas ma priorité, "Réenchanter la mort" pas encore fini mes deuils, "S'habiller mieux en achetant moins" mais j'ai déjà trouvé ma solution), je m'en suis saisie au nom du frisson joyeux que j'ai eu en regardant le dessin animé "L'homme qui plantait des arbres". Un écologue, à la fin du film, a quand même signalé à l'assistance qu'un arbre ne poussait pas aussi systématiquement que Giono voulait nous le faire croire d'une graine plantée 365 jours par an... En réalité, il y a des saisons... Soupçonnant qu'il y avait d'autres restrictions, le livre devait m'aider à les connaître.
Je n'ai pas du tout été déçue. A la fois vendeur de rêves et ne cachant pas qu'il faudra rigueur, temps, patience, que se prendre pour un démiurge, un thérapeute de l'environnement, aura ce prix, y compris l'effort de faire des recherches sur les terrains et leur compatibilité chimique et orographique avec l'arbre qu'on s'apprête à planter, le livre a tout pour plaire à ceux qui étaient prêts à passer à l'acte, comme le souligne la collection. J'ai senti comme une sorte de soulagement, celui de quelqu'un qui "savait", qui sentait bien qu'il y avait un écueil dans les pratiques de replantage autre que l'arrosage aléatoire voire absent, en lisant ce qui suit ; avant de transplanter nos germinations, nos plants, nos arbustes, et plus encore s'ils sortent d'une pépinière, il va falloir transformer leur substrat pour le rendre proche de la terre où il va et les mettre à une diète hydrique progressive. L'évidence qui soulage, qui rassure, qui flatte l'entendement et les observations préalables.
J'ai été admirative devant l'immense bibliographie en fin d'ouvrage.
Citations :
- Qu'il s'agisse d'un seul arbre à planter ou d'une petite forêt à constituer peu à peu, il est important de comprendre ce que veut la nature à un endroit donné pour s'en inspirer et lui permettre de se réaliser.
- Les animaux jouent ainsi le rôle d'organes de perception mobiles qui permettent à la forêt de se mettre en lien avec son environnement proche et lointain, et de communiquer de manière subtile.
- La décision de passer à l'action est prise en 1977, date à laquelle [Abdul Kareem] achète un petit lopin de terre aride de deux hectares au Kerala (Inde). Les débuts sont difficiles : les plants qu'il met en place et arrose avec de l'eau acheminée de loin dépérissent car trop jeunes, avec des racines insuffisamment profondes. L'idée de planter des arbres de taille légèrement supérieure améliora clairement la reprise. En 1982, il achète 11 hectares de terre supplémentaires et diversifie les espèces plantées. Abdul Kareem précise que jamais il n'a élagué ses arbres ni récolté les feuilles, pour laisser à la nature son libre cours. Cinq ans plus tard, il commence à observer des changements surprenants sur ses terres : un puits qui tarissait à la saison sèche s'est mis à produire abondamment toute l'année. Les voisins de la forêt purent à leur tour observer que leurs puits produisaient davantage d'eau. Kareem aménagea ensuite de petites mares pour attirer les oiseaux, ce qui activa la propagation naturelle des graines, amenant une plus grande diversité des espèces.
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