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Mots et Images
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  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
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31 mars 2023

Un Démocrate, de Julie Timmerman (2016)

imagePrésentation du site :

La propagande est à la démocratie ce que la violence est aux régimes totalitaires.
Noam Chomsky.

Eddie vend du savon.
Eddie vend des pianos.
Eddie vend du bacon.
Non, Eddie ne VEND pas : il fait en sorte que les gens ACHÈTENT.
Son père voulait qu’il soit marchand de grain. Mais Eddie sème des graines d’un autre genre : du genre qui s’implante dans l’esprit des Hommes, et y endort le libre-arbitre. Car Eddie a compris très tôt ce qui faisait courir les Hommes, les pulsions profondes qui sont les vrais moteurs de leurs actions. Il sait où appuyer, quels leviers actionner, quelles  cloches faire sonner, et le citoyen devient un consommateur docile qui achète, vote, part à la guerre – librement, croit-il.
Eddie fait fortune à New York quand partout c’est la Crise, et ses méthodes se répandent dans le siècle. Elles arrivent jusqu’aux oreilles du chef de la propagande nazie, qui les met en pratique. Eddie est horrifié de l’apprendre car Eddie est un démocrate : son
« gouvernement invisible » a pour but de préserver la Démocratie. Sans guide, les Hommes sont des bêtes.
Eddie meurt paisiblement à 103 ans, avec le sentiment du devoir accompli. Il a vendu indifféremment savons, cigarettes, Présidents et coups d’État de la CIA, et il laisse derrière lui un Système de manipulation des masses qui s’est imposé partout. Que reste-t-il de la Démocratie, à l’ère du Big Data et de l’hyper-communication ?
Eddie n’est pas un personnage de fiction. Il s’appelait Edward Bernays, c’était le neveu de Freud, et son Système a transformé le monde.


Après avoir étudié "J'accuse !..." il m'a semblé qu'aborder la question du degré zéro de l'argumentation, la manipulation des masses, l'imprégnation sournoise des esprits, la fabrique du consentement, était une bonne idée. Me voilà dans la salle avec des jeunes gens qui n'ont guère étudié l'Histoire contemporaine, encore moins celle de la diplomatie nord-américaine. Il est certain qu'on est plus frappé quand on a entendu parler du coup d'État de la C.I.A. au Guatemala (et s'étonner qu'on puisse en parler tranquillement en ces termes sans que cela n'ait des conséquences pour les États-Unis d'Amérique, bref), opération préparée au niveau de propagande par Bernays lui-même. Je n'avais que la version de Romain Gary dans La Nuit sera calme, elle n'aborde l'opération militaire qu'a posteriori et du point de vue diplomatique.

Le spectacle est au niveau de l'écriture scénique total : à la fois enquête policière, avec pièces à conviction au mur, mises en abyme d'une société de la surveillance, fumées, danse et musique, prise en charge des rôles indifféremment par des acteurs ou des actrices (c'est la grande mode, et ma foi, pourquoi pas, "la propagande passe par toutes les bouches"). J'ai d'ailleurs trouvé les acteurs excellents et je remercie Julie Timmerman de ne pas avoir permis que cette méthode de la manipulation des masses perde le nom de son père, ni ne l'absolve de ce qui en a été fait : du tabagisme féminin à l'acceptation d'un colonialisme paré des couleurs de la liberté, en passant par la propagande nazie...

Les acteurs ont mis en garde les spectateurs : certains passages leur sembleront faire allusion à des phénomènes très récents, comme le confinement de 2020... Or ils ont été écrits en 2016 !

Bande-annonce.

Citations :

  • Imaginons qu'on sache tellement de choses sur les gens,
    qu'on leur souffle des rêves avant même qu'ils les aient rêvés.
    Imaginons qu'on puisse coloniser leurs jours et leurs nuits...
    Quel vertige !
    Imaginons que le véritable pouvoir réside là :
    Tout savoir sur tout le monde.
  • FREUD. - Et toi tu es un démocrate ?
    BERNAYS. - Oui. Je dirige les gens, mais dans le bon sens.

Idiomecanic Theatre au Théâtre de Fontblanche, Vitrolles.

texte et mise en scène Julie Timmerman

avec Mathieu Desfemmes, Anne Cressent ou Marie Dompnier (en alternance), Jean-Baptiste Verquin ou Guillaume Fafiotte (en alternance), Julie Timmerman ou Elise Noiraud (en alternance).

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Commentaires
D
Bonsoir DonaSwann, c'est tout à fait le genre de sujet qui m'intéresse. Je n'ai pas du tout entendu parler de cette pièce. Je ne sais pas sil elle s'est donné à Paris. J'espère que le texte existe, je le lirais volontiers. Bonne soirée.
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