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Mots et Images
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20 janvier 2010

Agora, d'Alejandro AMENÀBAR (2010)

agora_alejandro_amenabarL'HISTOIRE


Au IVème siècle après J.-C., Alexandrie vit les derniers souffles intellectuels de l'hellénisme, après avoir tenté de faire cohabiter païens et juifs pendant plusieurs siècles et de leur incorporer leurs penseurs chrétiens selon la recette qui avait fonctionné jusque-là : tolérance, cohabitation, dialogue, connaissance réciproque...

Hypatie, la fille de Théon, directeur de la fameuse Bibliothèque d'Alexandrie, y enseigne. Elle se rattacherait plutôt à l'école philosophique Néo-Platonicienne, s'intéresse à l'astronomie, aux mathématiques (il nous reste des fragments de traités). Elle est apparemment athée, en tout cas, elle ne semble appartenir à aucune des religions en présence, et ne s'émeut que des persécutions que les individus peuvent subir en son nom...

Elle repousse les avances d'Oreste, un de ses élèves, au grand soulagement de Davius, son esclave, amoureux d'elle et devenu assez savant à force d'assister aux cours. Mais il supporte mal les réflexions méprisantes qui échappent parfois à sa bien-aimée sur la condition esclave, alors même qu'elle peut se montrer très attentionnée à son égard.

Séduit par le miracle d'Ammonius et les discours de Théophile ou Cyrille d'Alexandrie, il se joint aux Chrétiens lors de la destruction de la Bibliothèque et se convertit, devient fossoyeur. Hypatie, elle, continue ses travaux, réfléchit dans son cadre privé aux problèmes scientifiques, et fréquente toujours ses anciens élèves, convertis pour la plupart (Oreste, qui est devenu gouverneur d'Alexandrie, et un autre, évêque) dont elle possède toujours l'affection et l'admiration... Cela n'est pas du tout du goût de Cyrille, qui vient d'organiser le premier pogrom antijuif et chassé les Juifs d'Alexandrie, de découvrir qu'une Païenne, pire, une athée, est encore entendue dans la ville...

MON AVIS


Je n'en attendais pas beaucoup : le sujet se prête au manichéisme, et les premières scènes me paraissaient extrêmement froides, artificielles, avec une héroïne glaciale et fausse... Je n'ai pas tardé à changer d'avis. Les images sont grandioses, les acteurs entièrement jetés dans la passion de vivre sous nos yeux des moments chaotiques de l'histoire humaine.

Outre que derrière toute prise de vue, toute réaction, se cache plus ou moins discrètement un symbole, une lecture ancienne ou contemporaine, le film est démesurément génial.

La vraie Hypatie, dont je connais l'histoire, n'est pas trop défigurée, et même sa fin, un peu réécrite, l'est à notre soulagement : je suis arrivée à la fin du film à une telle identification que je n'en aurais pas supporté une autre, la vraie, dont l'horreur m'aurait jetée à terre.

D'ailleurs nous sommes sortis muets du cinéma et j'en ai rêvé toute la nuit.

La leçon : décidément, de tous temps, la liberté de penser semble bien insupportable aux gens de pouvoir. Amenàbar vise toutes les persécutions historiques, celles des chrétiens de l'Inquisition, bien sûr, mais aussi celles que nous voyons dans le monde : la multiplication des scènes de lapidation ne sont pas gratuites. Pas même l'insistance des prises de vue sur les chaussures d'Ammonios, celui qui a traversé le feu sans se brûler...

Les acteurs : je ne suis pas une inconditionnelle de Rachel Weisz, mais elle tient bien le rôle ; j'ai été époustouflée par celui qui joue le rôle d'Oreste (Oscar Isaac), il faut dire que son rôle, tragique, est en or.

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