Oedipe à Colonne, de Sophocle (406-405 avant J.-C.)
Oedipe erre sur les chemins avec sa fille Antigone, mendiant sa nourriture. Il avait été rejeté par Thèbes, ses propres fils, Etéocle et Polynice, alors même qu'il regrettait sa sévérité envers lui-même et qu'il serait resté au moins parmi les siens. Le voilà qui arrive à Colonne, devant les terres sacrées des Euménides. Thésée, roi d'Athènes, lui permet de rester à Colonne (ville natale de Sophocle) et lui promet sa protection contre les Thébains qui viennent le reprendre de force à cause d'un oracle, pour se prémunir contre les dérives du pouvoir d'Etéocle qui refuse de rendre le pouvoir à Polynice, l'aîné, ainsi que l'a annoncé Ismène, l'autre fille d'Oedipe.
Oedipe, qui s'estime désormais bien plus la victime du destin que criminel, maudit le sol thébain, et son fils Polynice, le vouant à s'entretuer avec son frère. Puis il a également la vision de sa propre mort et va, accompagné de Thésée, seul autorisé à connaître le lieu de son sépulcre, là où il doit mourir ; le sol s'ouvre. Restées seules, les deux sœurs retournent à Thèbes pour tenter d'empêcher le nouveau bain de sang annoncé entre les frères.
Texte traduit ici.
Il me manquait vraiment ce volet de l'histoire des Labdacides. Bien sûr, je connaissais déjà l'histoire, mais j'ai trouvé cette tragédie vraiment parlante (bien que je ne m'explique pas le glissement Colonne-Athènes) et belle. Elle corrige l'excès de l'automutilation d'Oedipe, qu'il juge lui-même disproportionnée et châtiment superflu en regard de l'horreur d'avoir vécu. Avec un certain sarcasme, quand on l'accuse d'avoir tué son père, il demande : "Si en ce moment même, on s'approchait de toi pour t'assassiner, sans que tu eusses rien à te reprocher, irais-tu t'informer si ton assassin est ton père, ou le punirais-tu sur l'heure ?" La transition avec la tragédie Antigone est assurée quand Polynice, maudit par Oedipe, réclame : "O enfants, mes soeurs, vus du moins, puisque vous venez d'entendre les malédictions implacables d'un père, au nom des dieux, n'allez pas, si ces malédictions un jour s'accomplissent et si pour vous s'achève le retour au foyer, n'allez pas me faire affront, mais mettez-moi dans une tombe, entouré d'offrandes funèbres. Alors la gloire que vous vous êtes acquise pour les soins rendus à cet homme ne s'accroîtra pas d'une moindre gloire pour le service que vous m'aurez rendu."
Voilà, je les ai toutes lues désormais !