Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mots et Images
Mots et Images
  • Ceci est le journal de mes films, de mes lectures, de mes spectacles et, parfois, des expositions où je vais, sans prétention à l'exhaustivité, à la science, ni à l'objectivité. La fusion avec over-blog a supprimé mes "liens amis" et je les prie de m'en excuser. Je suis la première ennuyée...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
Newsletter
6 novembre 2020

Phèdre ! de François Gremaud d'après Racine (2018)

126208715_oLors de la représentation de la pièce Phèdre ! a été distribué à tous les spectateurs le texte de la pièce, dont il nous a été demandé de suivre l'écrit à partir de la page 60. Le livret est resté sur mon bureau, annobli de sa dédicace, bien en vue, rapide à lire et plaisant, de toute évidence, mais je l'ai, comme beaucoup d'autres, intercalé seulement maintenant, pour "respirer" au cours de la lecture de l'exigeant Les Furtifs, de Damasio.

Le plaisir à lire ce texte reste grand, il se superpose au souvenir que j'ai du jeu de Romain Daroles, qui jouait son propre personnage d'acteur en plus de tous les autres. Son nom est dans le texte, la collaboration avec François Gremaud, présent lors de la représentation de sa pièce, d'ailleurs, est évidente et la réussite tient aussi sans doute à cette immense complicité d'écriture et de jeu.

Si, comme on l'imagine bien, certains effets sont amoindris par l'aplatissement du texte écrit, malgré l'avantage que j'ai ici (et pour une fois) d'être une lectrice "auditive", d'autres apparaissent qui m'avaient échappé tant le texte regorge d'allusions, de finesses, d'intertextualité, d'effets et qu'occupée à rire de l'un, les suivants, immédiats, peuvent m'avoir échappé. Quel gâchis !

J'y vois une déclaration d'amour à la pièce de Racine, à la langue de Racine, à la poésie et à la tragédie, que ne cache pas la tonalité héroï-comique, faite pour nous les rendre accessibles : le vers de Racine est présent, dominant, admirablement amené et expliqué. Les différents rythmes de la pièce, ses constantes, sont d'ailleurs régulièrement mis en évidence, on ne suit pas le texte racinien à raz de nez mais on le surplombe aussi souvent, avec une pertinence que tous les professeurs pourraient lui envier.

Bref, débrouillez-vous, lisez la pièce, allez la voir, mais ne la laissez pas filer si elle tourne dans votre secteur !

Phèdre ! / 2b Compagnie

Dates dans la région : 9 - 13 mars 2021 - Théâtre du Jeu de Paume - Aix-en-Provence (FR)

Citations :

  • Là-dessus Hippolyte - qui jusqu'ici avait réussi à dissimuler ces méchants tics qui l'avaient beaucoup ennuyé tout au long de son adolescence - n'arrive plus à cacher ses spasmes.

Dieux ! Qu'est-ce que j'entends ? Madame, oubliez-vous
Que Thésée est mon père, et qu'il est votre époux ?

Et sur quoi jugez-vous que j'en perds la mémoire,
Prince ? Aurais-je perdu tout le soin de ma gloire ?

Alors Hippolyte se sent un peu couillon :

"Oh, désolé, je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête, j'ai cru comprendre que vous - ouhlala j'ai honte - que vous me faisiez du grain, hahaha, c'est tellement bête..."

Et là, dans un des plus beaux passages de la pièce, Phèdre va tout avouer :

Ah, cruel ! tu m'as trop entendue ! (...)

  • Mais à peine sortie, Oenone revient :

Il faut d'un vain amour étouffer la pensée,
Madame ; rappelez votre vertu passée :
Le roi, qu'on a cru mort, va paraître à vos yeux ;
Thésée est arrivé, Thésée est en ces lieux.

Et là, il nous faut une fois encore saluer le génie de Racine

Cet alexandrin

Le roi, qu'on a cru mort, va paraître à vos yeux ;

est le 827ème alexandrin d'une pièce qui en compte 1654 en tout.

Autrement dit, pour celles et ceux qui n'auraient pas encore fait le calcul, cette annonce du retour du Roi - qui, vous allez le voir, est le moment charnière de la pièce, le moment où tout bascule - est faite à l'exact milieu de l'oeuvre. (...)
Alors vous imaginez l'ambiance : là-dessus Phèdre une nouvelle fois veut mourir - c'est quand même la troisième fois depuis le début de la pièce.

  • Nous voilà inéluctablement embarqués pour le cinquième et dernier acte.
    Un vent tempétueux déchaîne désormais la mer Egée, les bateaux de pêche ont plié les voiles. Le soleil - Hélios - avant de plonger dans la mer, a revêtu ses habits du soir qui teintent maintenant cette pièce de larges rayons mordorés.
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité